Loto-Québec a dû déprécier de 54,5 millions son investissement dans l'exploitant français de casinos Joagroupe, mais assure être encore en mesure de «récupérer à terme» la pleine valeur du placement.

C'est ce que révèle le rapport annuel 2009-2010 de la société d'État, déposé le mois dernier à l'Assemblée nationale.

En mars 2006, Loto-Québec a investi 87 millions dans Moliflor, rebaptisé Joagroupe l'an dernier. Une somme de 82,2 millions a été consentie sous la forme de prêts, alors que 4,8 millions ont été injectés dans le capital-actions de l'entreprise.

Or, Moliflor-Joagroupe connaît des difficultés financières depuis 2007, en raison de la récession mondiale et des effets de l'entrée en vigueur d'une loi antitabac plus stricte en France. L'an dernier, les revenus de l'entreprise ont reculé de 10,4 pour cent par rapport à 2008.

Dans les circonstances, Loto-Québec n'a eu d'autre choix que de dévaluer de 29,6 millions les prêts consentis à Joagroupe et de radier les intérêts qu'elle aurait dû recevoir de l'emprunteur entre 2006 et 2009, une somme de 24,9 millions.

Ces 54,5 millions s'ajoutent à la radiation de 6,3 millions inscrite l'an dernier. L'investissement initial de 87 millions, qui était évalué à 129,7 millions à son sommet, l'an dernier, ne vaut plus que 52,8 millions.

Même si elle dit avoir bon espoir de récupérer ses billes dans Joagroupe, Loto-Québec ne se fixe pas d'échéancier pour y parvenir. Les prêts sont remboursables en mai 2016 à un taux fixe de huit pour cent par année.

En 2006, le président et chef de la direction de Loto-Québec, Alain Cousineau, avait présenté l'investissement dans Moliflor-Joagroupe comme une «solution au plafonnement des revenus» de la société d'État et une façon d'«accroître» son bénéfice net.

Dans son plus récent rapport annuel, Loto-Québec affirme que l'allègement réglementaire et fiscal consenti par Paris aux opérateurs de casinos ainsi que l'autorisation du jeu en ligne, à partir de l'automne 2010, seront bénéfiques à Joagroupe.

Il a été impossible de joindre un porte-parole de Loto-Québec, vendredi.