Le Québec accuse un retard au chapitre de la productivité, que le gouvernement tentera de combler en misant encore plus sur la recherche et l'innovation.

Malgré des années de vaches maigres et de déficits en vue, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a donc annoncé lundi que Québec était prêt à dégager environ 1 milliard au cours des trois prochaines années pour donner un coup de pouce aux chercheurs et chefs d'entreprise soucieux de mettre au point de nouveaux produits.

Ce soutien financier résulte d'un constat difficile: le Québec affiche la pire performance canadienne quant au taux de productivité par heure travaillée. Et c'est sans compter le fait que son produit intérieur brut (PIB) est bien inférieur à celui de l'Ontario.

Pour l'essentiel, la stratégie rendue publique lundi se situe en droite ligne avec la stratégie précédente, annoncée en décembre 2006, en termes de soutien aux chercheurs et aux entreprises cherchant à améliorer leur compétitivité.

Fait nouveau, par souci d'efficacité, Québec créera un Fonds de recherche, qui regroupera trois fonds d'aide existants. Ce fonds sera dirigé par un scientifique en chef, nommé incessamment.

Québec vise aussi à doubler les bourses aux chercheurs et les stages en milieu de travail.

En conférence de presse, le ministre Gignac a dit vouloir imposer un nouveau «branding» pour le Québec, autour de la bannière «Recherche-Québec».

Sa stratégie 2010-2013 vise à soutenir directement la reprise, a dit le ministre, car «les pays qui pourront prendre les devants de la reprise économique, ce sont les pays qui vont investir dans la recherche et l'innovation».

Quand il parle de la nécessité pour le Québec de hausser sa productivité, son but n'est pas tant de faire travailler les gens davantage d'heures, «mais travaillons mieux et travaillons avec de bons outils, et innovons», a-t-il dit.

Il a déploré le fait que le Québec accuse une baisse relativement à la création de nouvelles entreprises, particulièrement chez les jeunes de moins de 35 ans, et a déploré aussi la trop faible interaction entre le milieu universitaire et les entreprises.

Ainsi, depuis 2000, seulement 110 entreprises par année se sont prévalues du crédit d'impôt à la recherche universitaire. «On devrait en avoir 500. On devrait en avoir 1000», a dit le ministre, qui veut créer des ponts entre les deux milieux.

Un effort sera fait, par ailleurs, pour soutenir les entreprises intéressées à mettre au point et commercialiser des produits «verts», laissant peu ou pas d'empreinte écologique.

Déjà, avec des partenaires privés, le gouvernement a entrepris de promouvoir le secteur aéronautique à travers «l'avion écologique», qui fera moins de bruit. Il investira aussi dans l'autobus urbain électrique.

En matière de dépenses en recherche et développement, le Québec se situe au huitième rang des pays de l'OCDE, avec 2,6% de son PIB. La moyenne des pays de l'OCDE est de 2,2%.

Le Conseil du patronat a réagi très favorablement à toutes les mesures contenues dans la stratégie et à l'approche privilégiée par le gouvernement.

Il est d'avis que cette initiative entraînera des résultats positifs, accroîtra la productivité des entreprises et leur permettra «de rester compétitives dans un contexte de concurrence mondiale», a commenté le vice-président de l'organisme, Daniel Audet, par voie de communiqué.

«L'innovation est un vaste concept, difficile à définir, mais surtout une attitude plutôt qu'un processus», a-t-il ajouté, en soutenant qu'il était urgent d'adopter cette attitude.