Les terres agricoles sont de plus en plus convoitées par les pays qui en manquent et le Québec n'est pas complètement à l'abri de cette convoitise. Mais ce qui empêche la Chine ou l'Arabie Saoudite de mettre la main sur les terres québécoises, en plus des lois et règlements, c'est le climat.

«L'hiver est un obstacle important pour l'agriculture», opine Joëlle Noreau, économiste chez Desjardins et auteur d'une étude sur l'achat des terres agricoles par les étrangers. À choisir entre le Québec et un pays où les bêtes peuvent rester dehors et où il est possible de faire deux ou trois récoltes par année, les acheteurs potentiels n'hésitent pas longtemps, explique-t-elle.

Il est beaucoup question dans l'actualité des Chinois qui achètent des terres agricoles à l'étranger. Ils ne sont pas les seuls, a constaté l'économiste de Desjardins. L'Arabie Saoudite, la Corée du Sud, la Libye, l'Inde et la Suède sont des pays très actifs dans l'achat ou la location de terres agricoles à l'étranger. Ils achètent pour nourrir leur population, pour produire des biocarburants ou pour profiter d'un investissement plus stable que les marchés financiers.

Les pays visés ont en commun un climat plus clément que celui du Québec. Le Sénégal, la Tanzanie, l'Éthiopie et l'Argentine, entre autres, attirent les acheteurs. Des milliers d'hectares de terres arables changent de mains chaque année, souligne l'étude de Desjardins.

En raison du climat difficile, les terres agricoles ne valent pas très cher au Canada. Un hectare de sol canadien vaut par exemple 1725$ US, comparativement à 11 000$ US aux États-Unis et à 12 500$ US en France.

Le bas prix des terres au Québec est un facteur d'attraction pour les étrangers et, malgré les lois qui les protègent, certaines font l'objet de transaction. Ainsi, un fonds américain, le Hancok Agricultural Investment Group, a acheté l'an dernier 450 hectares de terres consacrées à la culture de la canneberge à Saint-Louis-de-Blandford, pour 20 millions de dollars.

Le contexte québécois est de plus en plus propice à la vente de terres agricoles, constate aussi Joëlle Noreau. Le manque de relève, l'endettement élevé et l'incertitude sur l'avenir de l'agriculture dans les pays industrialisés découragent beaucoup de producteurs. «Certains exploitants agricoles sont au bout du rouleau et sont même prêts à vendre», estime l'économiste. Mais il n'y a pas péril en la demeure, selon elle, parce que la Loi sur la protection du territoire agricole et la Loi sur l'acquisition des terres agricoles par des non-résidants sont là pour empêcher une razzia des terres arables du Québec.

Et il y a le climat, qui décourage les investisseurs. C'est aussi, malheureusement, «ce qui fait que c'est aussi difficile de faire de l'agriculture ici», souligne l'économiste de Desjardins.