Après avoir cadenassé les bureaux de la Financière agricole lundi, c'est à l'Assemblée nationale que l'Union des producteurs agricoles (UPA) lance sa prochaine charge dans sa bataille pour le retrait d'une mesure qui mettrait en péril plusieurs fermes québécoises. Le syndicat remettra ce matin aux parlementaires une pétition comptant plus de 22 000 signatures de producteurs agricoles et de leur relève.

Le document demande le retrait de la mesure d'efficacité dans le calcul des coûts de production de l'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Selon l'UPA, cette mesure coûtera environ 85 millions de dollars aux agriculteurs québécois et risque de pousser plusieurs d'entre eux à la faillite.

 

L'ASRA permet de soutenir les agriculteurs au cours des années difficiles en comblant la différence entre les coûts de production et les prix du marché. La mesure d'efficacité, un encouragement à une meilleure productivité, prévoit que le quart (25%) des fermes moins performantes seront exclues du calcul des coûts, ce qui fera diminuer les compensations de l'ensemble des bénéficiaires.

La Financière agricole a confirmé au début d'avril l'adoption de la «mesure du 25%», dans le cadre d'un plan de redressement rendu nécessaire par les déficits chroniques des fonds de l'ASRA.

Depuis, la grogne et l'inquiétude n'ont cessé de grandir chez les producteurs, qui craignent une baisse de revenus, voire la faillite.

«Il faut agir vite, a dit le président de l'UPA, Christian Lacasse, dans une entrevue à La Presse Affaires. Plus on attend, plus la situation devient critique. On n'a pas six mois pour se positionner.»

C'est dans cette optique que M. Lacasse et les représentants de la quarantaine de fédérations de l'UPA déposent la pétition d'aujourd'hui. Comme l'UPA représente 44 000 producteurs, c'est dire que la pétition rassemble plus de la moitié des membres.

«Les producteurs ont signé cette pétition pour témoigner leur appui aux dirigeants de l'UPA et demander au gouvernement d'intervenir, précise M. Lacasse. Les producteurs sont très inquiets, et ils ont facilement embarqué dans cette démarche.»

Comité spécial

L'UPA estime que la mesure du 25% n'est pas nécessaire pour que la Financière puisse atteindre ses objectifs budgétaires. La Financière soutient plutôt que cette mesure de resserrement est essentielle pour respecter le cadre financier imposé par le gouvernement.

Le 23 avril, le ministre intérimaire de l'Agriculture, Robert Dutil, a mis sur pied un comité qui étudiera la divergence entre les prévisions de l'UPA et de la Financière concernant l'ASRA.

Pendant la période de questions de mardi, à l'Assemblée nationale, il a ajouté que le comité étudierait la question du calcul des coûts de production. «C'est une avenue qui était incontournable, dit Christian Lacasse. Il faut faire la lumière sur ces chiffres.»

Le comité rassemble des membres du Conseil du Trésor, des ministères des Finances et de l'Agriculture, de la Financière agricole et de l'UPA. Une première rencontre a eu lieu vendredi dernier, et d'autres sont prévues dans les prochaines semaines.

Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture n'a toujours pas dévoilé la nature des mesures d'adaptation à la nouvelle mouture de l'ASRA, qui totaliseront 20 millions de dollars par année.