Le niveau des eaux du fleuve Saint-Laurent dans la région de Montréal, anormalement bas ce printemps, frôle un record mensuel établi il y a 40 ans. Les autorités portuaires ont prévenu les transporteurs qui utilisent la Voie maritime d'ajuster leurs chargements en conséquence.

«Le niveau d'eau du fleuve est très bas pour ce temps-ci de l'année. Toutefois, les transporteurs maritimes en sont avertis d'avance grâce au système bien rodé de mesures et de prévisions de niveau d'eau et de profondeur disponible», explique Jean-Luc Bédard, vice-président des opérations et capitaine du Port de Montréal.

 

Les autorités maritimes ont en mémoire la situation survenue en septembre 2007. Après un été sec dans l'est du Canada, le niveau d'eau du fleuve était descendu à quelque 50 centimètres sous son niveau de référence, le fameux «zéro des cartes» établi par le Port de Montréal et qui est une mesure couramment utilisée dans le jargon maritime.

Cette situation avait forcé les transporteurs maritimes à alléger leurs chargements de façon parfois significative, selon le gabarit de coque de leurs navires, compte tenu d'une réduction de 5% de la profondeur d'eau disponible.

Le trafic de marchandises avait tout de même augmenté de 3,5% cette année-là, selon le Port de Montréal. Il s'agit toutefois d'un taux de croissance inférieur de 20 points de base (0,2%) aux données enregistrées en 2006 et 2008.

Atteignant présentement tout juste le «zéro des cartes», le niveau des eaux du fleuve Saint-Laurent s'avère inférieur de 1,6 mètre à la moyenne du mois de mai pour les 40 dernières années, d'après les registres de la Commission de régularisation des eaux des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Et si les prévisions transmises par la Garde côtière aux transporteurs s'avèrent, une nouvelle marque historique pourrait être établie d'ici le 1er juin au Port de Montréal.

Si la situation devait s'aggraver, le plus important, insiste Jean-Luc Bédard, est d'en tenir les transporteurs maritimes bien avertis d'avance. «Les prévisions de niveau d'eau gérées par la Garde côtière canadienne leur fournissent un aperçu de trois ou quatre semaines à l'avance. Il n'y a donc plus de surprise pour les transporteurs maritimes qui utilisent le Port de Montréal.»

Selon Jean-Luc Bédard, le niveau anormalement bas des eaux du fleuve n'a pas encore d'impact sur le volume d'activités du port de Montréal. «Nous sommes en période de pointe après l'accalmie hivernale. Aussi, plusieurs armateurs ont encore de la capacité inutilisée sur leurs navires en raison de la récente récession.»

Les plus récentes données, divulguées mardi, font état d'un rebond de 7,6% du volume de marchandises transbordées durant les trois premiers mois de 2010, par rapport à la même période l'an dernier.

Toutefois, ce regain demeure encore loin de combler le recul de 11,8% subi l'an dernier. À 24,5 millions de tonnes, le trafic de marchandises en 2009 au port de Montréal avait été recalé à son niveau de cinq ans auparavant.

 

- 1,1 MÈTRE

Écart du niveau d'eau enregistré au Port de Montréal par rapport à la moyenne du mois de mai depuis 40 ans

 

27,8 MILLIONS DE TONNES

Trafic record de marchandises au Port de Montréal établi en 2008

 

- 12%

Baisse du trafic de marchandises subie en 2009 au Port de Montréal