Le consortium composé des constructeurs Bombardier (T.BBD.B) et Alstom en appelle au premier ministre Jean Charest dans le dossier du renouvellement des voitures du métro de Montréal, affirmant que le «maintien de l'emploi» sera en jeu s'il n'obtient pas l'important contrat.

Dans une lettre envoyée lundi à M. Charest, à plusieurs ministres et sous-ministres, au maire de Montréal, Gérald Tremblay, ainsi qu'à la Société de transport de Montréal (STM), le consortium soutient que l'entreprise espagnole CAF n'a pas les compétences requises pour décrocher le contrat de 765 voitures, d'une valeur de plus de 3 milliards.

Bombardier et Alstom font remarquer que le seul métro sur pneus dont les voitures et les bogies ont été fabriqués par CAF, celui de Santiago, au Chili, n'est en service que depuis six mois, alors que la STM exigerait une expérience de «système éprouvé» de cinq ans. À leur yeux, «ce simple fait doit entraîner le rejet» de l'offre de CAF.

Au sujet de la capacité technique et financière de CAF, le consortium souligne que ce constructeur n'a jamais obtenu un contrat de cette taille, «qui représenterait plus d'un an de ses revenus». Bombardier et Alstom remettent également en doute la promesse de la société espagnole d'en arriver à 60% de contenu québécois. Ils font remarquer que même avec leurs installations déjà existantes et leurs réseaux de fournisseurs établis de longue date au Québec, ils ne pourront pas dépasser 53% de contenu québécois.

En outre, les deux géants du transport sur rail questionnent la capacité de CAF de livrer une première rame de neuf voitures en service commercial en 32 mois et la viabilité à long terme d'une usine de matériel roulant de CAF en sol québécois. Bombardier exploite actuellement, à La Pocatière, les seules installations consacrées à ce secteur au Québec.

Bombardier et Alstom prétendent enfin que les économies de 15 à 20% avancées par CAF par rapport à leur proposition sont «sans fondement».

Le consortium souhaite à tout prix éviter le déclenchement d'un appel d'offres pour le juteux contrat, qui pourrait retarder de deux ans, d'après eux, la livraison des premières voitures. De tels délais auraient des conséquences désastreuses pourt la STM et ses usagers, «porteraient des préjudices considérables au consortium», en plus de mettre «en danger le maintien de l'emploi et de l'expertise de pointe» au Québec, martèlent Bombardier et Alstom.

S'il obtient le contrat, CAF entend construire les voitures à Bromont ou dans l'est de Montréal.