Le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, rabroue l'ex-président de la Caisse de dépôt, Richard Guay, pour ses récents propos très médiatisés envers la nouvelle gestion de risque implantée par son successeur.

En entrevue télévisée, en début de semaine, M. Guay a laissé entendre que le niveau de risque de l'imposant portefeuille de la Caisse pourrait être pire en cas d'une autre crise financière majeure.

Mais pour le ministre des Finances, qui supervise aussi la Caisse, l'ex-président Richard Guay a manqué à son devoir de réserve, d'autant que c'est sous sa gouverne que la Caisse a subi de graves pertes.

«Il devrait y avoir une petite gêne de la part de ceux qui ont participé aux dérapages survenus à la Caisse de dépôt comme le papier commercial, ou encore les 2 milliards de radiation de prêts mezzanine dans l'immobilier aux États-Unis», a indiqué le ministre Bachand à La Presse Affaires, en marge d'un colloque sur l'avenir du Québec organisé par la firme-conseil Secor, à Montréal.

«Je constate que M. Guay tente, par communiqué, de tempérer l'interprétation des propos qu'il a tenus il y a quelques jours. N'empêche, je m'attendrais de la part de ceux dont c'était la responsabilité de gérer le risque à la Caisse qu'ils prennent le temps de mieux observer les changements en cours avant de faire des commentaires.»

Richard Guay a en effet publié hier un long communiqué dans lequel il prétend que des extraits de son entrevue «ont été présentés dans les médias de façon alarmiste». Néanmoins, il réitère que, selon sa lecture du rapport annuel, il y aurait eu «une augmentation du risque» à la Caisse.

Cela dit, le ministre des Finances a tenu à réitérer son appui envers la nouvelle haute direction de la Caisse en place depuis un an.

«J'ai une confiance totale envers le président Michael Sabia et son équipe, les correctifs qu'ils ont faits, et la politique de gestion de risque qu'ils sont en train de mettre en place», a indiqué M. Bachand.

Pour la suite de ce débat, c'est devant les parlementaires à Québec qu'elle aura sans doute lieu, le mois prochain.

Le président de la Caisse et ses principaux adjoints sont attendus pour une comparution d'au moins quatre heures en commission parlementaire.

«Ils auront quatre heures pour s'expliquer sur la gouvernance de la Caisse et sur sa politique de gestion de risque», a souligné le ministre Bachand.

Plus tôt en journée, aussi en marge de ce colloque sur l'avenir du Québec, le président de la Caisse, Michael Sabia, avait soutenu qu'au contraire des critiques, la Caisse était maintenant «mieux outillée» pour faire face à une crise comme celle survenue en 2008.

«Nous avons augmenté notre capacité à gérer le risque d'une façon très importante et fondamentale. Surtout, la Caisse est maintenant capable de mieux distinguer entre le bon et le mauvais risque» a indiqué M. Sabia lors d'un bref point de presse.

«À la question de savoir si la Caisse subirait maintenant moins de pertes qu'en 2008? Dans les circonstances et avec nos compétences actuelles, la réponse est clairement oui», a-t-il soutenu.

«Je crois que nous avons fait beaucoup de progrès avec des investissements dans nos outils et nos processus. Le reste, c'est des questions de méthodologie.»