Terreau fertile de l'entrepreneuriat, la Beauce accueillera la première école privée consacrée à l'esprit d'entreprise du pays, qui ouvrira ses portes à l'automne.

L'École d'entrepreneurship de Beauce, qui n'est pas rattachée au système québécois d'éducation, accepte les inscriptions depuis lundi dernier. Chacun des 25 entrepreneurs admis devra débourser 50 000$ en deux ans afin de suivre une centaine de journées de formation. Leurs professeurs détonneront de ceux du milieu universitaire. Marc Dutil, président et chef de l'exploitation du Groupe Canam, Alain Lemaire, président et chef de la direction de Cascades, et Pierre Pomerleau, PDG du Groupe Pomerleau, y donneront notamment des cours.

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À pleine capacité, l'École d'entrepreneurship de Beauce prévoit accueillir une centaine d'élèves par année. Une centaine d'entrepreneurs, corrige le président-fondateur de l'institution, Marc Dutil. «On veut aider des entrepreneurs avec une certaine expérience à progresser, dit-il. On veut former des gens qui vont aider le Québec, qui vont ramener des emplois dans leur région. Ce sont des gens qui sont actuellement trop nerveux pour exporter aux États-Unis, mais qui le feraient avec un petit coup de pouce.»

Les cours - donnés en modules intensifs de cinq jours - auront lieu à l'auberge Benedict Arnold de Saint-Georges, en Beauce, achetée et rénovée pour l'occasion. Marc Dutil espère que l'École d'entrepreneurship de Beauce, qui ne détiendra pas de permis d'enseignement du ministère de l'Éducation du Québec, deviendra une sorte d'anti-MBA. «On veut former des gens qui vont employer des MBA. Dans une classe de MBA, il y a quelques entrepreneurs, mais ce sont surtout des cadres. Ceux-ci ne savent pas ce que c'est que de négocier son financement et de ne pas savoir si les employés pourront être payés le jeudi», dit Marc Dutil, qui précise qu'un élève de l'École d'entrepreneurship pourrait se faire reconnaître des crédits au MBA sur la base d'une entente individuelle avec une université.

Coût élevé

Le coût élevé d'inscription de 25 000$ par année découragera-t-il les entrepreneurs en plein démarrage? «Un total de 25 000$ par année pour avoir accès aux meilleurs entrepreneurs au Québec, ce n'est pas cher. Je le vois plutôt comme un bon investissement», dit Nathaly Riverin, directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce.

«C'est dans le bas de la fourchette de prix pour ce genre de formation», fait valoir Marc Dutil, qui cite le coût du programme exécutif de l'Université Harvard (90 000$) et du MBA de l'Université McGill (72 000$).

La moitié du budget de l'École d'entrepreneurship sera consacrée aux salaires des cinq employés et à son budget de fonctionnement. Environ 30% du budget iront à l'hébergement et aux repas, contre 20% aux dépenses d'enseignement.

Aide gouvernementale

Enregistrée comme organisme de bienfaisance, l'École d'entrepreneurship de Beauce n'obtiendra pas de financement de la part du ministère de l'Éducation du Québec. Elle obtiendra toutefois de l'aide gouvernementale par l'entremise du ministère du Développement économique et du ministère de l'Emploi. Les sommes restent à déterminer. «Nous aurons une mesure pour l'école entrepreneuriale de Beauce à l'intérieur de notre future stratégie pour l'entrepreneuriat, mais les détails seront annoncés ultérieurement», dit Véronique Lamarre, porte-parole du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation du Québec.

«Nous sommes en train de regarder ce que nous pouvons faire par l'entremise de nos programmes existants», dit Alexandre Boucher, attaché de presse du ministre de l'Emploi du Québec, Sam Hamad.

L'École d'entrepreneurship a recueilli 1,4 million de dollars en dons des particuliers en vue de son ouverture à l'automne. «On aimerait que le gouvernement égale cette somme pour aider l'École à démarrer, dit la directrice générale, Nathaly Riverin. L'objectif est de s'autofinancer et de ne plus avoir besoin d'aide gouvernementale dans trois ans.»