Jeudi soir dernier, une vingtaine de femmes sortent du vestiaire de l'immense Studio Breathe, près du canal de Lachine. Leur séance de yoga commence dans 30 minutes. En attendant, elles échangent poignées de main, sourires et expériences professionnelles. «Les filles, je vous présente Carla et Anne», lance Marie-Josée Cantin.

La vice-présidente, affaires corporatives, de Vision Globale est membre de Jeunes Canadiens en finance. L'été dernier, avec six autres femmes membres, elle a greffé une branche féminine à l'association, baptisée Division femmes d'affaires. Tous les trois mois, elles organisent des activités susceptibles d'intéresser des femmes de 25 à 35 ans qui veulent prolonger leurs tentacules professionnelles. Et selon un modèle non traditionnel. «On dit non au modèle golf et cigare!» lance en riant Marie-Josée Cantin, qui a déjà fondé un groupe du même genre à Los Angeles, il y a quelques années.

Réseautage au féminin

Ce soir-là, avocates, analystes financières, relationnistes et autres directrices d'effets spéciaux bâtissent ou solidifient un réseau de contacts professionnels... les pieds nus et vêtues en Lululemon. Récemment, plusieurs membres de la Division femmes d'affaires ont assisté au dévoilement des nouvelles créations du styliste Andy Thê-Anh ou encore ont suivi un atelier de cuisine avec la chef Franca Mazza. «On organise des activités intéressantes pour les femmes, note Mélanie Joly, associée directrice de Cohn&Wolfe. Ça répond à un besoin.»

«Les jeunes femmes ne réseautent pas de la même façon. Ce n'est pas forcément valorisé dans leur profession.»

Créé en 2006, Jeunes Canadiens en finance regroupe environ 500 membres, parmi lesquels on dénombre 125 femmes. Mais le nombre de participantes aux activités du regroupement principal est très faible. «Elles comptaient pour moins de 15%, selon Sophie McCormack, analyste de Bank of America Merrill Lynch. Cela dit, depuis la création de la Division femmes d'affaires, elles sont plus présentes.»

«Avec notre division, on ne souhaite pas créer un spin-off de Jeunes Canadiens en finance, mais un pont entre nos activités et les leurs», explique Eleonore Derome, avocate en droit des affaires de McCarthy Tetrault.

La présence d'un homme, Marc-André Nantel, coprésident de Jeunes Canadiens en finance, parmi les fondatrices de la division féminine démontre à quel point tous travaillent main dans la main. «Depuis cinq ans, il y a une explosion de jeunes chambres de commerce, ethniques notamment, note Mélanie Joly. Les gens veulent se retrouver dans des réseaux qui les unissent.»

Objectif : l'essor des affaires

Alors, intéressante, la séance de yoga? «L'objectif poursuivi est assumé: le développement des affaires, l'avancement de notre carrière», dit Eleonore Derome.

«Dans les petites entreprises, le fait de créer des contacts est directement lié à la croissance de la clientèle, explique Mélanie Joly. Le réseautage est aussi lié à nos promotions.»

Les fondatrices de la Division femmes d'affaires commencent à voir des résultats tangibles à leurs activités. «Une des fondatrices de notre groupe prépare l'ouverture d'une halte-garderie, et elle a rencontré lors d'une de nos activités un membre pour s'occuper de son blogue», raconte Mélanie Joly.

Eleonore Derome sent, pour sa part, que Division femmes d'affaires lui a donné de la crédibilité dans le cabinet où elle travaille. «Aux yeux de certains, cela équivaut à investir en notre avenir», dit Mélanie Joly.

Prochaines étapes? Division femmes d'affaires pense à la création d'une plateforme de mentorat pour les femmes qui se lancent en affaires. Si tout se déroule comme prévu, à l'été, la prochaine activité toute féminine de Jeunes Canadiens en finance consistera en un souper chez une dirigeante d'entreprise, cliente de Deloitte&Touche. «On est en train de choisir la maison!» blague Mélanie Joly.