À défaut d'avoir la cote auprès de l'opinion publique, les firmes québécoises d'ingénierie l'ont auprès des investisseurs. Les résultats de Genivar publiés hier ont encore une fois démontré que l'entreprise, comme SNC-Lavalin, se démarque de ses concurrents nord-américains. Dans ce contexte, La Presse Affaires a demandé à trois analystes de trancher : doit-on acheter du Genivar (T.GNV.UN) ou du SNC-Lavalin (T.SNC) ?

Au départ, la question indispose un peu les analystes qui suivent les deux entreprises. Mais bon, s'il faut trancher, disons qu'ils donnent globalement un léger avantage à Genivar face à SNC-Lavalin.

«Genivar, c'est un petit acteur qui peut se déplacer plus vite», explique Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins.

Plus petit? Et comment! Les revenus de Genivar, annoncés hier à 478 millions de dollars pour l'année 2009, sont 12 fois moindres que ceux de SNC-Lavalin. M. Lacroix recommande l'achat du titre de Genivar et de conserver celui de SNC.

Cela dit, il précise avoir une opinion favorable face aux deux titres. «Les deux entreprises vont bien à des investisseurs à long terme.»

Cette analyse rejoint celle de Frédéric Bastien, de Raymond James, à Vancouver. «SNC, ça a été un très, très bon investissement (en 2009)», dit-il.

S'il doit trancher pour l'année en cours, il opte toutefois pour le plus petit acteur, même s'il recommande l'achat des deux.

Son analyse du risque est particulièrement intéressante. On pourrait croire qu'une grande boîte comme SNC serait plus stable que Genivar. Pas si sûr.

Les marges de Genivar, qui ne fait que dans le service-conseil, sont «très stables», dit-il. Plus que celle de SNC-Lavalin, qui assume souvent le risque lié à la construction de mégaprojets.

En 2007, rappelle-t-il, cela a joué en sa défaveur avec le projet de centrale Goreway, en banlieue de Toronto. «Genivar ne prend pas de risque de construction.»

L'analyste Benoît Caron, de la Financière Banque Nationale, a lui aussi une recommandation d'achat sur les deux titres. Genivar, dit-il, est «très complémentaire à SNC».

Pour lui, la distinction entre les entreprises d'ingénierie se fait actuellement sur la base suivante: sont-elles ou non exposées à la construction commerciale? Genivar et SNC sont très peu présentes dans ce secteur, comparativement à des firmes comme Stantec et le fonds de revenu IBI. «La construction de centres commerciaux, des Quartier Dix30, il y en a trop, on n'a pas besoin d'en construire d'autres», tranche-t-il.

SNC s'est développé une expertise rare en processus industriels, ce qui est moins cyclique que de la simple construction de bâtiments, souligne M. Caron.

En plus, il aime bien le caractère international de SNC-Lavalin. «Il n'y a aucune entreprise qui nous permet d'avoir autant d'exposition aux marchés en émergence», souligne-t-il. Dans la reprise actuelle, qui risque d'être lente dans les pays du G8, cela est important.

Dans le cas de Genivar, les revenus encore modestes provenant de l'international étaient en hausse de 25% dans la dernière année, grâce notamment à l'Algérie et à Trinité-et-Tobago. «SNC-Lavalin a montré le chemin, dit M. Caron. On n'a pas vraiment besoin d'aller aux États-Unis pour avoir une bonne carrière dans le génie mondial.»

 

RÉSULTATS «RÉCONFORTANTS»

Des résultats «réconfortants «, a commenté Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, à propos de données du quatrième trimestre du fonds de revenu Genivar publiées hier matin. Pour la période de trois mois terminée le 31 décembre, Genivar a enregistré des revenus de 135 millions de dollars, en hausse de 17%. Le bénéfice par part est de 47 cents (44 cents en 2008), comparativement à des attentes de 57 cents. La différence s'explique en partie par des pertes sur le taux de change. Hier, le titre de Genivar a pris 2%, ou 56 cents, à 27,62$, à la Bourse de Toronto.