Il y a des divorces qui coûtent plus cher que d'autres. L'ancien président de Quebecor World, Jacques Mallette, réclame 11 millions comme indemnité de départ à son ancien employeur, maintenant appelé Worldcolor... ce qui représente presque les deux tiers du bénéfice trimestriel de l'imprimeur.

Dans une requête déposée hier en Cour supérieure, Jacques Mallette réclame 10,65 millions à Worldcolor, soit l'équivalent de deux ans de salaire et d'autres primes. Il invoque «l'absence de toute cause liée à sa cessation d'emploi» pour demander cette indemnité.

Le montant de la réclamation se base sur les éléments suivants: salaire annuel de base à 1 million et la même somme pour la rémunération incitative à court terme. Pour la rémunération incitative à long terme, c'est 2,5 millions. Viennent ensuite 25 000$ pour la voiture et 800 000$ pour le régime de retraite et divers avantages sociaux. Multipliée par deux pour tenir compte des deux années, la somme donne 10,65 millions.

L'ancien dirigeant veut aussi mettre la main sur un demi-million de dollars supplémentaires, compte tenu de «la désinvolture caractérisée, le refus opiniâtre et la manière cavalière» dont aurait fait preuve Worldcolor après son renvoi. Son avocat, Bernard Moreau de Miller, Thomson, Pouliot, a refusé de préciser ce qu'il entendait par cette «désinvolture».

«On n'a pas de commentaire», a aussi indiqué sa conjointe, pendant que M. Mallette conduisait la voiture familiale.

Jacques Mallette est entré chez Quebecor inc. en mars 2003 et est devenu vice-président exécutif et chef de la direction financière de Quebecor World en septembre 2005.

En décembre 2007, il a pris le poste de président et chef de la direction de ce qui est devenu par la suite Worldcolor, remplaçant ainsi Wes Lucas, qui avait échoué à refinancer l'imprimeur.

Jacques Mallette a réussi à restructurer l'entreprise grâce à la protection des tribunaux. Mais en septembre dernier, il s'est fait montrer la porte et a été remplacé par Mark Angelson, qui venait tout juste d'être nommé président du conseil.

La décision de le remplacer a été prise si rapidement, que le service des communications de l'entreprise avait prévu des entrevues avec M. Mallette pour parler de la restructuration réussie, avant son départ.

Les rencontres de presse ont été annulées, M. Mallette est parti «sans préavis ni indemnité appelée à en tenir lieu», est-il écrit dans la poursuite.

«C'est devant la Cour, on ne fait pas de commentaire», s'est limité à dire Tony Ross, vice-président aux communications de l'imprimeur.

Il ne s'agit pas de la première poursuite de M. Mallette.

Il a aussi poursuivi Quebecor Inc. pour 1,48 million le printemps dernier, pour des options d'achat d'actions. Le litige s'est réglé à l'amiable à l'automne.

Des résultats améliorés

Cette poursuite de l'ancien grand patron survient alors que Worldcolor publiait hier ses résultats. Pour le quatrième trimestre terminé à la fin décembre, le bénéfice s'est élevé à 18 millions US pour les activités poursuivies, contre une perte de 654 millions US en 2008. C'était avant la restructuration devant les tribunaux, qui a notamment permis à l'imprimeur de réduire ses frais financiers de 180 millions US pour le trimestre.

Le chiffre d'affaires a toutefois baissé de 15%, à 848 millions US.

Le 26 janvier, Worldcolor a annoncé son rachat par Quad/Graphics, contre 40% des actions de l'entreprise américaine. Les deux entreprises doivent faire le point sur ces résultats et la transaction mardi prochain.