La Caisse de dépôt a décidé de faire une croix sur un bon nombre de produits financiers sophistiqués en 2009, des produits qu'elle achetait en s'endettant. Résultat: la dette de l'institution a fondu de l'astronomique somme de 27,7 milliards de dollars ou 41,5%.

Essentiellement, deux types d'investissements ont été largués. D'abord, la Caisse a mis un frein à l'achat de produits dérivés. Contrats à terme, trocs d'actions, trocs de produits de base et autres produits dérivés complexes sont devenus significativement moins populaires en 2009. La portion de la dette qui servait à l'achat de ces produits a donc été réduite de 14,5 milliards de dollars, à 4,3 milliards.

Le deuxième type d'investissements maintenant boudés par la Caisse s'appelle les REPO, acronyme anglais pour titres vendus en vertu de conventions de rachat. Essentiellement, il s'agit de titres boursiers que la Caisse prête à des intervenants du marché en échange de liquidités.

Pour faire des profits, l'institution place ces liquidités à meilleurs taux que le coût d'emprunt. Toutefois, la crise financière de 2008-2009 a chamboulé cette stratégie d'emprunt risquée. En 2009, le PDG Michael Sabia a donc réduit l'endettement de la Caisse à ce chapitre de 10 milliards de dollars, à 9,1 milliards.

«Dans un avenir incertain, la diminution de la dette donne une marge de manoeuvre», a déclaré hier M. Sabia.

Pour le chef des investissements, Roland Lescure, «la gestion des produits dérivés est complexe et peu liquide, il faut s'en éloigner. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Certains produits dérivés, comme ceux sur les taux d'intérêt, sont totalement maîtrisés et leur utilisation a énormément de sens».

Sous l'ère d'Henri-Paul Rousseau, la dette totale liée aux placements avait progressé d'année en année pour passer de 25 milliards à la fin de 2003 à 62,6 milliards à la fin de 2008. Le clan Sabia vient de réduire cette dette à quelque 35 milliards, un recul de presque 28 milliards.

Hier, Michael Sabia a déclaré avoir dû faire 1500 transactions pour démanteler un de ces portefeuilles d'ingénierie financière.

Dette immobilière

Un autre investissement risqué auquel la Caisse a mis un frein est celui de la dette immobilière. En 2009, le rendement de ce portefeuille a été de -20,3%, soit 28,8 points de pourcentage sous l'indice de référence. La portion internationale de ce portefeuille a perdu 46,5%, tandis que la portion canadienne a reculé de 2,5%.

En août 2009, la Caisse a abandonné un grand pan de ce portefeuille, soit celui des prêts mezzanines ou plus précisément les prêts subordonnés et produits structurés émis par des tiers.

En excluant la dette immobilière, le rendement du portefeuille immobilier a été de -12,7%, soit un écart défavorable de 2,7 points de pourcentage avec l'indice de référence de la Caisse.

Dans un avenir incertain, la diminution de la dette donne une marge de manoeuvre.» Michael Sabia

Ce qui compte, c'est de tirer les leçons de cette expérience.» Michael Sabia, sur la décision de vendre des actions en 2008.

M. Sabia n'est pas un gestionnaire du risque. Il a été prudent. Trop prudent. Il a éliminé le risque plutôt que de le gérer.» Pauline Marois