Moins d'effet de levier. Des produits de placement abandonnés. Une présence timide sur les marchés boursiers en début d'exercice. L'année 2009 en aura été une «de transition», a souligné hier le président Michael Sabia en présentant des résultats qui placent la Caisse de dépôt en queue de peloton parmi ses pairs.

La contre-performance de la Caisse de dépôt et placement en 2009 est en partie due à sa trop faible présence sur les marchés boursiers en première moitié d'année, malgré le rendement supérieur aux indices de références.

«Avec 22% de notre portefeuille en action au premier semestre, nous n'avons pu profiter pleinement du regain boursier», a admis son président directeur général, Michael Sabia, hier.

À l'automne 2008, la Caisse avait réduit du tiers (de 36,3% à 22,4%) sa pondération en actions. À l'époque, le président par intérim Fernand Perreault avait justifié la braderie en pleine débandade boursière afin «de protéger le capital des déposants».

Ce chamboulement rapide du portefeuille avait coûté 2 milliards en 2008.

En 2009, la sous-pondération en actions aura privé la Caisse d'un point de pourcentage en rendement, selon Bernard Morency, responsable à la Caisse des relations avec les déposants et des initiatives stratégiques. Sur un portefeuille de 120 milliards au 31 décembre 2008, la braderie aura encore coûté 1,2 milliard en manque à gagner l'an dernier.

Michael Sabia n'a pas voulu critiquer son prédécesseur qui a agi dans un contexte de crise financière et de crise de leadership à la Caisse.

«Ce qui compte, c'est de tirer les leçons de l'automne 2008, a-t-il déclaré. Nous avons rebâti nos positions boursières. Nous avons amélioré les liquidités. En 2008, la Caisse avait décidé de vendre des actions pour protéger des liquidités.»

M. Sabia est arrivé aux commandes le 13 mars, quatre jours après le creux boursier du dernier cycle économique.

Durant le pire moment de la crise financière, la Caisse avait été dirigée de façon intérimaire par M. Perreault qui avait jusque-là brillé dans le marché immobilier. Il remplaçait au pied levé Richard Guay qui, trois mois après avoir pris la succession de Henri-Paul Rousseau, a déclaré forfait pour cause d'épuisement professionnel.

C'est pour rétablir sa pondération en actions que, dès avril, la Caisse a redéployé 2,5 milliards dans les marchés boursiers, somme qui est montée à 9,6 milliards à la fin de l'année.

Au 31 décembre dernier, la valeur des actions détenues par la Caisse s'élevait à 46,37 milliards, ce qui représente 35,3% de son actif. «Rétrospectivement, on peut dire qu'on aurait pu réagir plus vite», a indiqué M. Sabia qui préfère regarder en avant.

Les gestionnaires se sont très bien tirés d'affaires. Ils ont battu par 160 centièmes l'indice phare canadien, le S&P/TSX.

Haut fait d'armes, ils sont parvenus à creuser un écart de 460 centièmes entre leur rendement sur les actions américaines et celui du maître-indice américain S&P 500, pourtant réputé le plus efficace au monde. La Caisse explique cette valeur ajoutée par un choix de titres opportun dans les secteurs de la santé, des médias et télécommunications, de l'énergie et des technologies.

Cette bonne performance s'est reflétée autant dans les portions du portefeuille couvertes que non couvertes contre le risque de change. Durant 2009, le dollar canadien s'est apprécié contre le billet vert, parallèlement à la montée des produits de base et des indices boursiers.

Pour les actions étrangères en général et des pays émergents, la Caisse a réalisé des rendements appréciables, sans toutefois battre les indices de référence.

En revanche, l'équipe des placements à revenus fixes obtient un score parfait de quatre sur quatre. Avec un rendement de 6,4% de son portefeuille obligataire, la Caisse supplante de un point de pourcentage l'indice DEX universel.

Le redéploiement du portefeuille en actions a dû la favoriser. C'est au cours du premier trimestre que les titres obligataires se sont le mieux comportés.

Cette plus-value n'aura pas compensé le manque à gagner en actions.

Durant le premier semestre, le portefeuille de la Caisse a fondu de 0,3% alors que son indice de référence réalisait un gain de 4,7%. Heureusement, elle a mieux fait à compter de l'été. Avec un rendement de 10,4% de juillet à décembre, elle a ajouté 140 centièmes à sa valeur étalon. Cela n'aura pas suffi à racheter le premier semestre, mais lui donne une belle erre d'aller pour l'avenir.

 

RENDEMENTS DE 2009

ACTIF NET* / RENDEMENT / ÉCART PAR RAPPORT À L'INDICE

Titres à revenu fixe 44,12G / 5,80% / 0,90%

Marchés boursiers 46,37G / 31,40% / 0,60%

Placements privés 16,59G / 17,50% / -8,10%

Immobilier 23,33G / -15,80% / -10%

Total 131,59G / 10% / -4,10%