Des leaders du monde des affaires se réuniront le 22 avril à Montréal afin de réfléchir à l'avenir économique du Québec.

Les grands patrons de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia, de Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], Jean-Marc Eustache, de Juste pour rire, Gilbert Rozon, et de Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]], Éric La Flèche, feront partie de la quinzaine de dirigeants qui prendront part au Focus stratégique du Québec 2010, organisé à l'initiative du cabinet-conseil Secor.

Le concept se voulant une «rencontre de deux générations», une vingtaine de leaders d'entreprises âgés de moins de 40 ans participeront également à l'événement.

Les syndicats et les groupes sociaux ne seront pas mis de côté, a juré Marcel Côté, associé-fondateur de Secor, en conférence de presse.

«Si nous sommes invités, nous allons y aller», a affirmé Jean Laverdière, porte-parole de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), au cours d'un entretien téléphonique.

Les organisateurs ont regroupé en trois «axes» les 10 défis auxquels est confronté le Québec, selon eux: le capital humain, la performance de l'Etat et la croissance des entreprises.

Le comité des pdg et celui des jeunes leaders se sont déjà réunis à plusieurs reprises au cours des derniers mois. Compte tenu de ce «travail en amont», on promet des échanges relevés, qui doivent mener à un «manifeste orienté vers l'action et le futur».

«Je ne veux pas dire qu'on tourne en rond, mais on cherche une façon de structurer ce qu'on veut faire depuis au moins une dizaine d'années», a estimé M. Côté, qui rêve de revenir à «l'esprit des années 1960».

«Il y a quand même un certain vide dans notre réflexion et dans la façon dont les grands enjeux sont structurés au Québec», a-t-il ajouté.

Sylvie Bovet, directrice des magasins de vêtements Sauvé, a estimé que les Québécois de moins de 40 ans devaient «se relever les manches».

«Des fois, ma génération manque peut-être un petit peu d'énergie, a-t-elle soutenu. Il y a peut-être une certaine volonté qui n'est pas là. On veut le gros poste, beaucoup de responsabilités, un gros salaire, mais on n'est pas nécessairement prêt à faire tous les sacrifices que cela implique.»

Le gouvernement à l'écoute?

Pour Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, le Focus stratégique sera l'occasion de poursuivre les discussions entamées lors de la Rencontre économique organisée le mois dernier à Lévis par le gouvernement de Jean Charest.

«C'est comme si on avait été arrêtés en plein envol, a-t-elle souligné. Il faut continuer à se parler. Il faut continuer à tracer des solutions. On ne peut pas juste parler des problèmes. Il faut atterrir. Peut-être qu'on ne sera pas tous d'accord avec chacune des solutions, mais c'est ensemble qu'il faut se colletailler, se heurter peut-être, mais certainement échanger et se mobiliser.»

Marcel Côté a avancé que l'exercice serait «moins idéologique» que le manifeste «Pour un Québec lucide», qui avait suscité un large débat en 2005.

L'événement prendra la forme de séances plénières et d'ateliers à huis clos, auxquels seront conviés quelque 300 participants. Pour alimenter la réflexion, Secor préparera une étude qui comparera l'économie du Québec avec celles de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, du Minnesota, de la Finlande, de la Suède et de la région française de Rhône-Alpes.

Le premier ministre Charest doit prononcer une allocution lors du Focus stratégique et les instigateurs de l'événement espèrent que son gouvernement prendra bonne note des idées qui en découleront.

Michael Sabia a assuré qu'il n'y avait pas d'incompatibilité entre l'indépendance de la Caisse face au gouvernement et sa participation au Focus stratégique.

«Dans le contexte de notre engagement de participer au développement économique du Québec, c'est très utile pour nous de participer à ces forums, aux débats sur l'avenir de l'économie québécoise», a-t-il déclaré.

«Trouver des façons de mieux aligner nos savoirs et nos compétences avec nos richesses naturelles: on a là un projet majeur pour le Québec, d'après moi.»