Près de trois ingénieurs sur quatre (73%) ont été témoins ou ont entendu parler de cas de favoritisme dans le domaine de la construction, y compris au sein de leur propre entreprise, selon un sondage mené par le Réseau des ingénieurs du Québec (Réseau IQ), en décembre dernier.

Selon le sondage mené par l'internet, auquel 2376 membres du Réseau IQ ont répondu, «un ingénieur sur cinq (20%) affirme que l'entreprise pour laquelle il travaille - ou une entreprise pour laquelle il a travaillé - a déjà été confrontée à un cas de favoritisme dans le domaine de la construction», au Québec.

«En ne tenant compte que des gens qui oeuvrent en construction, précise le sondage de la firme Écho, un tiers (33%) disent que l'entreprise pour laquelle ils travaillent (ou ont travaillé) a été confrontée à au moins un cas de favoritisme.»

Sans surprise, dans ce contexte, le sondage obtenu par La Presse conclut qu'une vaste majorité des ingénieurs (83%) sont favorables à la mise en place d'une commission d'enquête sur des allégations de collusion dans le domaine de la construction, au Québec.

Joint par La Presse hier, le président du Réseau IQ, François Granger, a qualifié les résultats du sondage de «vraiment inquiétants» pour le profession, mais aussi en raison des retombées que ces affaires de collusion peuvent avoir sur la confiance du public envers ses membres.

«Les résultats de ce sondage nous ont effrayés, affirme M. Granger. Nous nous attendions à ce que nos membres aient des préoccupations sur les impacts que ces affaires pourraient avoir sur la réputation professionnelle des ingénieurs. Mais on ne s'attendait pas du tout à ce qu'un nombre aussi grand de répondants disent avoir été les témoins d'affaires semblables, en dehors de celles qui ont été rapportées par les médias.»

Le sondage a été réalisé en décembre dernier par la firme Écho Sondage, à la demande du Réseau IQ, une association professionnelle qui regroupe plu de 52 000 ingénieurs inscrits au tableau de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

Plus de 15 000 questionnaires, représentant environ 30% des membres du Réseau, ont été envoyés pas courriel. Sur les 13 892 questionnaires envoyés à des adresses valides, 2376 ont été remplis et retournés par les membres du Réseau.

Selon Écho, «la marge d'erreur pour un échantillon de 2376 répondants s'établit à plus ou moins 2 points de pourcentage, à un seuil de confiance de 95%».

La quasi-totalité des répondants (97%) ont suivi les polémiques récentes qui ont éclaté dans les médias à propos d'affaires de collusion dans le domaine de la construction et 96% des ingénieurs se disent préoccupés des impacts que ces allégations pourraient avoir sur la réputation de leur profession. Une grande majorité d'entre eux (82%) considèrent d'ailleurs que ces allégations «concernent autant les firmes d'ingénierie que les entreprises de construction.

Un peu plus du quart (27%) des répondants sont d'avis que ces allégations sont «entièrement vraies», alors que plus de la moitié les jugent «partiellement vraies». Au total, 85% des ingénieurs qui ont répondu au sondage estiment que «ces allégations sont vraies, en tout ou en partie».

M. Granger a aussi souligné une forte polarisation des opinions exprimées quant à l'utilité d'une commission d'enquête. Plus de 80% des ingénieurs se sont en effet dit d'avis qu'une commission d'enquête «permettrait de savoir s'il y a un système organisé ou non», «d'identifier les responsables éventuels», et de «réviser les processus de gestion des appels d'offres».

À peine 12% des ingénieurs ont pour leur part estimé «qu'une commission d'enquête n'est pas nécessaire et qu'une enquête policière suffit».