Quarante et une acquisitions après son entrée en Bourse il y a moins de quatre ans, le fonds de revenu Genivar (T.GNV.UN) regarde de l'autre côté de la frontière: aux États-Unis, oui, mais aussi dans les marchés émergents. En même temps, il doit annoncer ce printemps sa conversion à une société cotée en Bourse.

Déjà présente à Trinité-et-Tobago et en Algérie, Genivar lorgne maintenant d'autres marchés en émergence. «On a une stratégie sur le plan des pays en voie de développement», explique en entrevue le président et chef de la direction de Genivar, Pierre Shoiry. «On regarde des pays, de préférence, qui ont des besoins en infrastructure et qui ont de bons revenus, soit pétroliers, soit des revenus de ressources.» Il parle notamment des régions de l'Amérique latine et de l'Afrique du Nord.

Contrairement au Canada, la croissance ne se fera pas par acquisition dans ces régions à forte croissance. Genivar souhaite plutôt y ouvrir des bureaux temporaires associés à des projets précis. Ces bureaux, à l'image de celui en Algérie, pourraient devenir permanents si la firme montréalaise obtenait d'autres contrats.

Cette volonté de percer sur les marchés émergents s'exprime alors que l'entreprise montréalaise veut aussi accompagner ses clients canadiens à l'étranger. «On a l'envergure maintenant pour peut-être mieux les servir à l'international», souligne-t-il encore. Genivar emploie 4000 personnes, contre à peine 1600 à la fin de 2006.

Sa priorité, dit-il, est de compléter la plateforme canadienne en faisant grimper le nombre d'employés à environ 5000 et, ensuite, faire une acquisition sur le marché américain au «début de l'an prochain».

Une percée américaine sera plus facile à réaliser qu'en Europe: les marchés américain et canadien du génie se ressemblent, les deux étant fragmentés.

La conversion

Comme les autres fiducies de revenu, Genivar doit décider si elle se convertit en société cotée en Bourse cette année. Un comité du conseil d'administration étudie la question, mais à entendre parler le grand patron, la décision semble pas mal prise. «Si on veut aller aux États-Unis, ça va être plus simple si on est un modèle corporatif.»

Il veut que les porteurs de parts votent sur la question à l'assemblée générale du mois de mai. Il doit donc leur faire parvenir les documents réglementaires en avril.

La question qui tarabiscote les analystes comme Ben Vendittelli, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, c'est de savoir si Genivar gardera ou non son dividende à 1,50$. «S'ils le maintiennent à 1,50$, ce sera en fait une hausse», dit-il, parce que les dividendes d'entreprises sont moins imposés que les revenus provenant des fiducies.

«On serait capable de le maintenir à 1,50$», dit, hésitant, l'ingénieur civil devenu président. «Il faut faire attention pour ne pas créer d'attente. C'est délicat.»

Et vous serez capable de maintenir votre niveau de croissance avec de pareils dividendes? «C'est ce qu'on croit... On pense que notre modèle, que ce soit corporatif ou en fiducie de revenus, est durable.»

Genivar n'a pas de dette et a accès à plus de 100 millions de crédit. Ses acquisitions ont été financées grâce à ce crédit. Les millions ont ensuite été remboursés par trois émissions totalisant 200 millions depuis son entrée en Bourse.

M. Shoiry veut poursuivre avec ce modèle, que les acquisitions soient au Canada ou aux États-Unis.

Dans la dernière année, le titre de Genivar a oscillé d'un creux de 19,18$ en mars, à 27,74$ en décembre. Vendredi, il a terminé la séance à 26,33$, en hausse de 17 cents.

Ses revenus ont atteint 287 millions pour les neuf premiers mois de l'année, dont 60% du secteur public.