Si Jean Charest était un élève et les patrons du Québec ses professeurs, le premier ministre aurait échoué à ses examens.

Les dirigeants d'entreprise de la province ont dressé le bulletin du gouvernement provincial lors d'un vaste sondage mené par la Conseil du patronat du Québec et Léger Marketing que La Presse Affaires a obtenu.

Verdict: Jean Charest et son administration obtiennent une note globale de 5,3 sur 10, soit moins que les 60% requis pour réussir ses examens à l'école.

«C'est mi-figue, mi-raisin», commente Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat. Selon lui, les chefs d'entreprise reconnaissent que le gouvernement provincial a fait de bons coups, notamment en lançant de grands chantiers d'infrastructure avant la récession et en signant des ententes de libéralisation avec l'Ontario et la France.

«Mais quand vous regardez ces interventions, elles sont faciles à faire. Intervenir en infrastructure ou pour le libre-échange, c'est facile. Mais, dans le contexte actuel, les gens s'attendent à voir le gouvernement prendre aussi des décisions difficiles», dit M. Dorval, qui croit que c'est là où le bât blesse.

Les finances publiques

Les 352 hauts dirigeants interrogés sont particulièrement critiques envers la gestion des finances publiques du gouvernement (note de 3,9 sur 10) et l'établissement de règles d'éthique dans la gouvernance du secteur public (4,1 sur 10).

M. Dorval dit souhaiter que le gouvernement ne cède pas aux «groupes de pression, syndicaux ou autres» qui l'empêchent actuellement de mener des «réformes en profondeur». La plupart des chefs d'entreprise (62%) estiment d'ailleurs que le Québec a besoin de «réformes fondamentales».

Le contrôle des dépenses publiques vient très loin en tête de leurs préoccupations. Pas moins de 73% des dirigeants ont mentionné l'élément dans la liste des priorités qui devraient figurer à l'agenda du gouvernement, loin devant la réduction de la dette et la réforme du système de santé (toutes deux choisies par 35% des répondants).

M. Dorval note ici que les préoccupations des hauts dirigeants sont très similaires à celles des citoyens ordinaires.

«On voit que les chefs d'entreprise ne sont pas des créatures distinctes; ils font partie de la population et sont confrontés aux mêmes enjeux», lance-t-il.

La presque totalité des dirigeants (95%) sont d'accord pour dire que chaque fois que le gouvernement annonce la création d'un nouveau programme, il devrait être obligé de dire comment il coupera ailleurs pour compenser.

Comme les particuliers, les chefs d'entreprise croient que la lutte contre le déficit passe par une réduction des dépenses (48% des répondants) ou par une combinaison d'une réduction des dépenses et d'une augmentation des revenus (48%).

Seulement 3% des répondants ne jurent que par une hausse des revenus.

Les entrepreneurs blâment le «contrôle des syndicats sur la main-d'oeuvre du secteur de la construction» (31% des répondants) et «les mauvaises procédures d'appels d'offres» (24%) pour expliquer pourquoi les coûts de construction sont plus élevés au Québec qu'ailleurs.

Notons que la satisfaction envers le gouvernement Charest est en déclin. Les dirigeants estiment à hauteur de 29% que leur perception s'est détériorée depuis un an, alors que seulement 6% d'entre eux ont le sentiment inverse.