L'état des finances publiques a été largement passé sous silence, jeudi, à la Rencontre économique 2010 organisée par le gouvernement Charest.

Les quelque 100 «décideurs» syndicaux et du milieu des affaires réunis à Lévis ont plutôt appuyé une série de grands principes censés guider le développement du Québec au cours des 20 prochaines années.

Les thèmes abordés ont fait l'objet d'une large adhésion des participants. Les acteurs présents se sont mis d'accord sur la nécessité de valoriser l'éducation, stimuler la recherche et l'innovation, inciter les travailleurs âgés à demeurer sur le marché de l'emploi et développer l'économie «verte».

«Ce qui a été discuté et débattu aura un impact sur les décisions budgétaires que prendra le gouvernement du Québec», a dit le premier ministre Jean Charest, en conférence de presse, au terme de la rencontre.

«On va inclure ça dans notre réflexion. Je ne vous dis pas qu'on va tout inclure dans le prochain budget, mais on en verra le reflet dans les décisions budgétaires», a-t-il ajouté.

Les ministres Sam Hamad, de l'Emploi, Raymond Bachand, des Finances, Clément Gignac, du Développement économique, Nathalie Normandeau, des Ressources naturelles, et Michelle Courchesne, de l'Éducation, se sont vu confier le mandat de présenter des projets de politique sur les thèmes retenus. Ils plancheront sur ces dossiers au cours des six prochains mois.

Les contribuables qui espéraient un débat sur l'état des finances publiques et les moyens à prendre pour résorber le déficit de 4,7 milliards $ seront déçus d'apprendre que la question a été à peine effleurée durant la rencontre.

L'objectif des participants était de projeter le Québec dans l'avenir, en évitant les solutions à courte vue, a expliqué le premier ministre.

Du reste, le gouvernement porte une attention quotidienne à l'état des finances publiques, a dit M. Charest.

«On en parle amplement et on va continuer d'en parler, a-t-il insisté. Mais on est capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps.»

Il n'est pas question, a poursuivi M. Charest, d'équilibrer le budget d'un côté et «de démolir les services de santé» de l'autre.

«Nous avons déjà joué dans ce film et il faut en tirer des leçons», a rappelé le premier ministre, en faisant allusion aux sacrifices consentis dans les années 1990 pour atteindre le déficit zéro.

Aux yeux du chef du gouvernement, la situation financière du Québec n'est d'ailleurs pas catastrophique.

À 1,6% du PIB cette année, le déficit du Québec est, toute proportion gardée, inférieur à ceux des États-Unis et du Royaume-Uni, a-t-il fait valoir.

Les partis d'opposition ont cependant vivement dénoncé l'absence de débat sur la situation budgétaire.

Le porte-parole péquiste en matière de finances, Nicolas Marceau, a estimé que la rencontre était passée à côté des vrais enjeux.

«Cela a été un exercice déconnecté qui manquait de courage. La vraie question a été éludée. On ne s'est pas penché sur les façons d'accroître la marge de manoeuvre financière du gouvernement pour rétablir l'équilibre budgétaire», a-t-il déploré.

Le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, abondait dans le même sens.

«Tout le monde est resté sur son appétit. On avait une occasion en or de débattre des finances publiques, avec tous les experts présents, mais le sujet a été poussé sous le tapis. Est-ce qu'on a les moyens de s'offrir tous les programmes sociaux? Le gouvernement n'a pas eu le courage de poser la question», a-t-il lancé.