Des entrepreneurs en construction disent ne pas avoir le choix de payer leurs travailleurs sous la table, a rapporté Radio-Canada, mercredi.

Depuis quelques années, de nombreuses compagnies soumissionneraient à des prix tellement bas, que pour décrocher certains contrats, des entrepreneurs seraient poussés à réduire les coûts de la main-d'oeuvre qui représentent près de 60% du total d'un projet.

L'entrepreneur Laurent Bélisle a affirmé à Radio-Canada que certaines compagnies n'hésitent pas à cacher des informations pour arriver à baisser leurs prix. Il a assuré de son côté être en règle et éviter de soumissionner à certains appels d'offres.

M. Bélisle a dit croire que ce qui «est à la mode», ce sont les «heures non déclarées».

Des documents de la Commission de la construction du Québec dont Radio-Canada a obtenu copie semblent confirmer cette tendance. Par exemple, on peut lire qu'une entreprise déclare que ses 39 employés ont travaillé chacun en moyenne 235 heures en 2008 alors que la moyenne annuelle pour un travailleur est de 947 heures. Il s'agit d'un manque à gagner annuellement de 712 heures par employé.

L'entreprise a-t-elle manqué de travail pour des employés ou omis de déclarer toutes les heures? Selon des gens du milieu interrogés par Radio-Canada, cet exemple serait loin d'être isolé; la sous-déclaration des heures serait répandue et les heures manquantes sont payées sous la table.

Un entrepreneur ayant accepté de témoigner sous le couvert de l'anonymat par crainte de représailles a dit à Radio-Canada qu'il était «extrêmement facile» de procéder ainsi et qu'il y avait «beaucoup beaucoup» d'entreprises qui paient encore au noir.

Une des sources du problème serait le fait qu'il y trop de licences d'entrepreneur émises au Québec et que cela ne reflète pas le nombre réel d'entrepreneurs. Selon cet entrepreneur, il y aurait «des prête-noms et du blanchiment d'argent».

Selon Radio-Canada, des gens du milieu estiment que le gouvernement doit faire rapidement le ménage dans l'industrie afin d'éliminer les entrepreneurs fautifs et resserrer les contrôles.