La décision de la direction de la Caisse de dépôt et placement d'acheter en 2009 le départ de six hauts dirigeants pour 4 millions de dollars a été vertement critiquée hier, tant par le PQ que par l'ADQ.

«Il est extrêmement dérangeant d'apprendre qu'on récompense ceux qui sont en partie responsables des pertes historiques de 40 milliards. Le quart des actifs des déposants a été perdu», a déploré Jean-Martin Aussant, député péquiste de Nicolet-Yamaska.

Selon lui, compte tenu des résultats pitoyables de 2008, «il faut se poser des questions sur la moralité de ces primes de départ» accordées par l'administration de Michael Sabia. Il croit que le ministre des Finances, Raymond Bachand, doit prendre position comme responsable de la Caisse auprès du gouvernement.

Le député Aussant, lui-même démissionnaire de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, affirme que la Caisse erre quand elle dit qu'elle n'avait pas le choix compte tenu des précédents: «On ne devrait pas récompenser les mauvais rendements simplement parce que d'autres l'ont déjà fait dans le secteur financier. Cela s'appelle l'évolution.»

ADQ: Charest responsable

François Bonnardel, député de Shefford et critique de l'ADQ en matière de finance, soutient que la responsabilité de cette décision de la Caisse de dépôt incombe à Jean Charest: «Devant les pertes abyssales de la Caisse, le premier ministre aurait dû mettre son poing sur la table et dire: «Cela n'a pas de bon sens.»»

Quand on lui rappelle que les élus ont aussi une généreuse indemnité de départ (un an de salaire, même pour un départ volontaire), il nuance. Cette situation existe depuis plusieurs années et pourrait être revue dans le cadre d'un débat sur le salaire des élus, estime-t-il.

Il est clair, selon lui, que le premier ministre du Québec, par exemple, n'est pas suffisamment payé.

De passage à Rivière-du-Loup, le premier ministre Charest n'a pas critiqué la Caisse mais ne l'a pas défendue non plus: «Le gouvernement du Québec a mis en place un certain nombre de mesures sur la question des primes. Pour l'année, on a suspendu la politique de primes parce que la crise économique nous amenait justement à vouloir imposer des mesures pour s'assurer qu'on gérait de la manière la plus serrée possible. Dans nos finances publiques, on est la province qui gère ses dépenses de la façon la plus serrée, avec la Colombie-Britannique. On s'attend à ce que les sociétés d'État fassent également preuve de discipline. Dans le cas de la Caisse de dépôt, ils s'expliqueront.»

Pour sa part, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic, qui compte 25 000 membres parmi les 247 000 fonctionnaires retraités, considère que la Caisse»doit abolir ces primes de départ scandaleuses».

«Alors que le gouvernement envisage des hausses de tarifs pour tous les citoyens et qu'il refuse de corriger la désindexation des régimes de retraite, il permet à ces dirigeants aux résultats discutables de partir avec des sommes scandaleuses en poche», a dit Madelaine Michaud, présidente de l'association.