La faible productivité est le talon d'Achille des entreprises québécoises, et le Fonds de solidarité FTQ veut profiter de la force du dollar canadien pour s'y attaquer.

En entrevue à La Presse Affaires, le président-directeur général du Fonds, Yvon Bolduc, a affirmé qu'il aiderait les entreprises dans lesquelles le Fonds investit à acheter des équipements pour produire mieux et plus vite.

«Il faut améliorer la productivité. C'est un thème qui va être extrêmement important en cours d'année. Si on veut rester compétitif, surtout à l'exportation, il va falloir favoriser ça», a dit M. Bolduc.

Le Fonds rappelle que les investissements en productivité ont été particulièrement faibles en 2009, alors que les entreprises étaient occupées à traverser la crise financière. Mais avec le dollar canadien qui a pris de la vigueur, le temps est maintenant venu de régler ce qui représente encore «l'un des grands défis du Québec».

«On espère que le dollar canadien va se situer entre 95 cents et 1$US cette année, mais on demande à nos entrepreneurs de faire leurs budgets en considérant un dollar à parité, a dit M. Bolduc. Nous voulons en profiter pour mettre de l'avant nos programmes de financement de nouveaux équipements.»

Il est trop tôt pour savoir combien d'argent le Fonds débloquera à cette fin, les sommes étant dépendantes des besoins des entreprises. Mais les prêts et les investissements directs seront disponibles, promet M. Bolduc.

Nouveaux marchés et fragilité

Les entreprises ont beau fabriquer plus efficacement, encore faut-il vendre ce qui sort des usines.

À ce sujet, le Fonds compte aussi aider les entreprises les plus à maturité de son portefeuille à conquérir de nouveaux marchés, que ce soit en avalant des entreprises étrangères ou en y débarquant pour y vendre leurs produits.

But de la chose: atténuer la dépendance au marché américain.

«Vous allez me dire que ça ne crée pas d'emplois au Québec, mais c'est faux. Ça permet souvent de créer des emplois au niveau du marketing, du design, du siège social. Et ça protège les autres emplois en rendant les entreprises plus solides», a dit M. Bolduc.

Il donne l'exemple du spécialiste du traitement des eaux québécois GLV, qui a mis récemment la main sur la suisse Christ Water Management.

Selon M. Bolduc, environ un tiers des entreprises du portefeuille du Fonds de solidarité ont atteint un stade assez avancé pour regarder vers de nouveaux marchés.

L'Europe est sur le radar, «surtout que les gouvernements commencent à faciliter les échanges commerciaux», dit M. Bolduc.

«Et il y a l'Asie. C'est loin, mais ce sont de gros marchés.»

M. Bolduc voit par ailleurs «beaucoup de fragilité» dans la reprise économique en cours.

Il la juge encore très dépendante des investissements publics et ne sera rassuré que quand les entreprises américaines réembaucheront massivement.

Dans ce contexte, certains secteurs feront mieux que d'autres. Le PDG prédit de beaux jours pour l'industrie minière, qui devrait bénéficier de la demande pour les matières premières en provenance des pays émergents.

«On va attacher une importance particulière à ce secteur et certainement être à l'affût des occasions.»

C'est une autre histoire pour l'industrie forestière, «un secteur où il faut agir avec beaucoup de prudence et d'analyse», dit M. Bolduc. Le Fonds a tout de même acquis des terres à bois récemment via sa société de gestion Solifor.

«On se positionne pour la reprise. Parce qu'une reprise, il va y en avoir une. Est-ce que ça va être 2011? Ou 2012? Ça va dépendre beaucoup de ce qui va se passer aux États-Unis dans le secteur de la construction résidentielle.»

Même chose pour l'aéronautique, où M. Bolduc prévoit une année «difficile» en 2010 avec une reprise en 2011.

Le Fonds de solidarité avait aussi prévu investir 2% de ses actifs dans l'immobilier international cette année, mais a changé d'idée vu le contexte incertain. Les investissements dans les infrastructures internationales seront par contre maintenus.

Rappelons que le Fonds de solidarité a annoncé lundi l'une des meilleures performances de son histoire avec un rendement global de 11,5% en 2009.