Les employés d'Eaux Vives Water (Eska) ont mis fin à leur tentative de syndicalisation.

Selon le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), les travailleurs ont agi ainsi parce que l'employeur avait menacé de fermer les portes de l'usine de Saint-Mathieu-d'Harricana.

«L'employeur a utilisé une méthode de l'époque de Duplessis, il a fait appel à l'intimidation et à la menace pour convaincre les travailleurs de renoncer à leur droit», a déploré Gilles Chapadeau, conseiller syndical de la FTQ pour la région Abitibi-Témiscamingue-nord-du-Québec, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires hier.

Un groupe d'employés a cependant diffusé un communiqué de presse pour contester cette interprétation.

«La direction a effectivement rencontré les employés pour les informer qu'un arrêt de production, d'une durée indéterminée, aurait lieu en raison du contexte économique actuel, ont fait savoir les employés. Cette situation n'a aucun lien avec les discussions ayant eu lieu cette semaine.»

De son côté, la direction d'Eska est demeurée muette.

M. Chapadeau a expliqué que des employés avaient communiqué avec le SCEP-FTQ pour se syndicaliser. Il a affirmé que plus de la moitié des 35 employés d'Eska, un embouteilleur d'eau de source, avaient signé des cartes au cours de la fin de semaine dernière pour intégrer les rangs du syndicat.

Requête

Lundi, le SCEP a déposé une requête en accréditation. Une rencontre avec les employés a eu lieu un peu plus tard au cours de la semaine pour discuter de la question. Selon M. Chapadeau, l'embouteilleur, qui appartient à la firme d'investissement Morgan Stanley, a fait savoir que l'accréditation faisait peser «une grande incertitude sur l'avenir de l'entreprise» et qu'il serait dangereux d'aller de l'avant. Toujours selon M. Chapadeau, la direction a disposé des feuilles de désistement sur une table et les employés se sont sentis obligés de les signer, en présence des dirigeants, avant de sortir.

«Il y a plus d'employés qui ont signé la feuille qu'il n'y en a qui avaient signé une carte du SCEP», a souligné M. Chapadeau.

Le groupe d'employés qui a diffusé un communiqué hier a contesté cette version des faits et a affirmé que les employés avaient pesé le pour et le contre de la syndicalisation.

«À l'issue de cette rencontre, la majorité des personnes présentes ont souligné que cette démarche pour obtenir une accréditation syndicale est prématurée parce que la plupart des membres de notre personnel entretiennent une belle relation avec la direction, a affirmé Mario Fortin, un des employés. C'est pourquoi nous miserons sur la formation d'un comité d'employés qui négociera avec la direction.»

M. Chapadeau a indiqué que le SCEP avait remis le dossier entre les mains d'un avocat pour déterminer la voie à suivre du côté juridique. Le syndicat entend également faire ressortir le côté moral de toute la situation.

«Le taux de syndicalisation est assez élevé dans la région, a rappelé M. Chapadeau. Je pense que les gens n'apprécieront pas l'attitude de l'entreprise.»