Au tour de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) de sonner l'alarme: l'économie québécoise est trop peu productive, et les entreprises n'investissent pas assez dans l'équipement et l'innovation. En ce sens, la FCCQ salue le message envoyé hier par le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui a annoncé une bonification du crédit d'impôt à l'investissement.

La FCCQ publie aujourd'hui ses indicateurs annuels de l'économie québécoise, et le constat est inquiétant, affirme la présidente-directrice générale, Françoise Bertrand, dans un entretien accordé à La Presse Affaires.

 

Dans sept des huit axes étudiés par la FCCQ, les performances sont négatives pour l'année 2008. Par exemple, la productivité de la province a reculé de 3 % en 2008, creusant de nouveau l'écart déjà existant avec le reste du Canada. L'investissement en machines et équipements a été plus faible au Québec qu'ailleurs au pays.

C'est donc dire qu'à la fin de 2008, avant même la récession, le portrait de l'économie québécoise est «alarmant», selon la FCCQ, si bien que le Québec n'est pas en position de force pour relancer son économie après la crise. «Mais le portrait n'est pas alarmant au sens où on est impuissant», précise Mme Bertrand.

LA FCCQ en appelle aux entreprises et au gouvernement pour retourner la situation. «Le gouvernement doit faire le premier geste, envoyer le bon message, mais c'est aux entreprises d'investir», dit la PDG.

«Or, au Québec, la mentalité d'entreprise n'est pas tournée vers la recherche et développement, note Mme Bertrand. Soit les entreprises n'ont pas accès au capital, soit elles ne sont pas tournées vers le changement des processus.»

Selon elle, il n'y a pas non plus de prise en compte complète de la pénurie de main-d'oeuvre, qui devrait pousser les entreprises à se tourner vers les gains de productivité plutôt que la création d'emplois.

C'est pourtant pour les entreprises le temps idéal pour investir, depuis que les taux d'intérêt sont au plus bas et que le dollar canadien est fort.

Crédit d'impôt bonifié

Le gouvernement a déjà fait quelques efforts pour favoriser la productivité, tel que l'abolition progressive de la taxe sur le capital.

Mais il y a encore à faire. «Il faut cesser d'éparpiller les ressources, soutient Françoise Bertrand. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, il est important de soutenir l'investissement avant la création d'emplois. Il faut répondre aux défis d'aujourd'hui avant de répondre aux défis d'il y a 20 ans.»

Mme Bertrand a donc vu d'un très bon oeil l'annonce du ministre Bachand, hier.

En bonifiant de 5 à 10 % le crédit d'impôt à l'investissement accordé aux entreprises des régions centrales, le ministre du Développement économique veut ultimement accroître la productivité de l'économie.

En même temps, le soutien fiscal accordé aux entreprises manufacturières des régions ressources est ajusté de façon à faciliter la transition vers «un régime fiscal axé sur l'investissement».

Les entreprises des régions ressources avaient déjà le choix entre un crédit d'impôt pour la main-d'oeuvre de 30 % et un crédit à l'investissement de l'ordre de 20 à 40 %. Or, la presque totalité des entreprises choisissaient le premier régime, a indiqué le ministre Raymond Bachand à La Presse Affaires.

«Il faut que les PME québécoises investissent davantage, a précisé le ministre. Et de toute évidence, le programme n'était pas assez incitatif.»