Le premier ministre Jean Charest dirigera une première mission économique officielle toute québécoise en Russie, dans les prochains jours, dans l'espoir de jeter les bases d'une relation d'affaires durable avec cet acteur des économies émergentes.

Pendant quatre jours, à compter de mardi, M. Charest souhaite établir des contacts politiques et économiques qui pourraient permettre à des entreprises québécoises de percer cet important marché de 150 millions d'habitants.

Les représentants d'une dizaine d'entreprises l'accompagneront lors de visites à Moscou et St-Petersbourg, dont Bombardier Produits Récréatifs, CAE, SNC Lavalin et Gaz Métropolitain.

«Les Russes ont peu d'expertise dans le domaine de la technologie, des infrastructures et même des produits manufacturiers. Tout est à faire là-bas, ils ont besoin d'étrangers pour diversifier leur économie, largement dominée par les hydrocarbures», a expliqué en entrevue à La Presse Canadienne le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, qui sera aussi de la partie.

Entre 1998 et 2008, avant d'être sérieusement affectée par la crise économique, la Russie a affiché des taux de croissance annuels atteignant 7%.

À son arrivée au pouvoir en 2003, le gouvernement Charest avait ciblé ce marché avec ceux de la Chine, de l'Inde et du Brésil, en constatant que ses liens étaient pratiquement inexistants avec ces nouveaux acteurs économiques en développement.

S'il représente un potentiel d'affaires alléchant, le marché russe n'est toutefois pas facile à pénétrer, notamment en raison de la corruption qui y est omniprésente et de la lourdeur administrative imposée par l'État.

«Les entrepreneurs étrangers sont réticents à intervenir en Russie, parce que le pays n'est jamais bien classé au chapitre de la corruption, c'est un héritage de l'époque soviétique», a indiqué la professeure de science politique de l'Université Laval, Aurélie Campana.

«Puis, les Russes n'ont pas de tradition d'économie de marché et les pratiques ne sont pas encore ancrées chez les hommes d'affaires», a-t-elle ajouté.

Sans minimiser les obstacles, le ministre Arcand estime toutefois que bien des exemples de succès en territoire russe devraient suffire à convaincre les entrepreneurs québécois que le jeu en vaut la chandelle.

Il cite par exemple le cas de l'homme d'affaires canadien George Cohon, qui a ouvert le premier restaurant de la chaîne McDonald's à Moscou, et qui en a fait le plus rentable à travers la planète.

M. Arcand souligne aussi que sur 200 entreprises de Grande-Bretagne s'étant installées en Russie depuis 1992, la grande majorité d'entre-elles y sont demeurées et font des affaires d'or.

«C'est sûr que la corruption existe, mais, des complications, il y en a dans tous les pays. Puis, les entreprises étrangères ne resteraient pas sur place si cela ne fonctionnait pas. Elles font de l'argent et il y a là beaucoup d'avenir», a argué celui qui s'est rendu à Moscou une première fois en avril dernier, afin de préparer le terrain pour cette mission du premier ministre.

Sur le plan politique, Jean Charest rencontrera notamment le vice-premier ministre Viktor Zubkov.

La signature d'une entente de coopération Québec-Moscou est probable.

Il prononcera une allocution sur les occasions d'affaires liées à la tenue des Jeux Olympiques de Sotchi, puis effectuera même une présentation de son Plan Nord, à l'occasion d'une table ronde sur le développement du Nord et des régions éloignées.

Par ailleurs, M. Charest assistera mercredi à une représentation de «Varekai», premier spectacle permanent du Cirque du Soleil à Moscou.

Avant de rentrer au pays, le premier ministre se rendra à Copenhague, au Danemark, où il participera à la conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques.