À la fin de janvier, les centrales syndicales et le patronat seront conviés par le gouvernement du Québec à discuter des finances publiques, une rencontre que compte présider le premier ministre Jean Charest.

Hier, lors de la conférence de presse dans laquelle il a fait le bilan de la session parlementaire, M. Charest a confirmé qu'un tel forum était en préparation. «Comment se positionner dans la reprise économique? Où voulons-nous aller? Ce sont des questions importantes pour l'avenir du Québec», a-t-il soutenu.

 

On ne parlera pas de «sommet», a-t-il insisté. L'opération n'aura pas l'ampleur des sommets organisés par Lucien Bouchard en 1996, deux rencontres qui avaient ouvert la voie aux mesures d'austérité pour retrouver le déficit zéro. «Ce ne sera pas la même formule; on veut quelque chose qui nous permette d'écouter des intervenants sur la question de la reprise, entre autres», a dit M. Charest.

Québec compte réunir les trois comités de vigie créés au moment de la crise financière. Le premier, piloté par le ministre Sam Hamad, portait sur l'emploi; le deuxième, qui relève de Clément Gignac, sur le développement économique, et le troisième, dirigé par Raymond Bachand, sur les finances.

Pour M. Charest, ce genre d'exercice n'est pas unique au Québec. «L'administration Obama fait une consultation sur l'emploi, et plusieurs autres gouvernements voudront entendre les groupes de pression avant ce qui s'annonce une période de reprise économique», a insisté M. Charest.

Tarification

La Presse a appris dans les coulisses que Québec compte mettre sur la table le débat mal lancé l'automne dernier concernant la tarification. Des ministres comme Raymond Bachand et Clément Gignac sont favorables à ce que Québec augmente les tarifs d'électricité en mettant fin à la protection du «bloc patrimonial», dont la hausse de 1 cent le kilowattheure apporterait rapidement 1,6 milliard dans les coffres du gouvernement.

Jean Charest, indique-t-on, penche plutôt vers une stratégie moins susceptible d'enclencher un vaste débat public. Cet automne, le premier ministre a prévenu la direction d'Hydro-Québec que son premier choix était de ne pas toucher aux tarifs d'électricité. Comme les élections fédérales ne sont pas pour demain, et que l'avènement d'un gouvernement libéral paraît peu probable, Québec disposerait d'assez de temps pour hausser la taxe de vente (une augmentation de 1% est déjà prévue en janvier 2011 et un autre point de pourcentage pourrait s'ajouter). M. Bachand a déjà évoqué l'idée publiquement, tout en insistant sur le fait que Québec attendrait la reprise économique pour aller de l'avant.

Aussi Québec fera-t-il valoir que ces deux points de pourcentage ont en fait été cédés par Ottawa (le gouvernement Harper a fait reculer la TPS de 2% après sa réélection). Cette voie n'emballe pas les ministres de l'Économie, selon qui toute hausse de la taxe de vente freine la consommation.