Ce n'est pas par mauvaise foi que l'agence de publicité Cossette (T.KOS) refuse d'ouvrir ses livres au groupe Cosmos, mais bien parce qu'elle conviendrait ainsi à son entente avec l'américaine Mill Road.

C'est ce qu'a affirmé hier à La Presse Affaires le vice-président stratégie de Cossette, Marcel Barthe, qui s'est défendu de chercher à tout prix à bloquer les anciens dirigeants de Cossette qui ont formé Cosmos pour mettre la main sur leur ancienne entreprise.

«Ce n'est pas une question de les bloquer, c'est une question de procédure: on a une entente avec Mill Road», a expliqué M. Barthe.

Rappelons que l'américaine Mill Road a offert 7,87$ pour chaque action de Cossette, une offre que le groupe Cosmos a égalée la semaine dernière.

Cossette a bien signé une clause avec Mill Road qui lui interdit de solliciter des offres concurrentes. Cossette s'est toutefois engagée à étudier toute proposition qu'elle n'a pas sollicitée si elle est «d'avis qu'elle constitue une proposition supérieure.»

Cosmos a fait savoir qu'elle est prête à hausser son offre à 8,10$ si elle a accès aux livres de Cosmos, mais n'a pas encore fait de proposition formelle.

«On n'a pas le droit d'analyser une offre égale. Et l'offre que nous avons actuellement, c'est une offre égale», dit M. Barthe.

Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance des institutions privées et publiques, met un peu en doute cette façon de faire. Il admet que Cossette doit respecter son entente avec Mill Road, mais se demande si le conseil d'administration fait vraiment tout son possible pour maximiser la valeur pour les actionnaires.

«Au bout du compte, le rôle du conseil d'administration est de faire monter les enchères», rappelle-t-il.

Cossette a demandé à Cosmos de démontrer qu'elle pourrait financer une offre à 8,10$. Elle a aussi demandé que Cosmos lui détaille exactement quelles informations financières elle a besoin pour bonifier son offre.

Cosmos s'est exécuté dans un délai de 24 heures, mais Cossette a jugé l'information «incomplète et insuffisante» et a demandé des précisions. Cosmos a affirmé hier avoir répondu à ces précisions supplémentaires.

«De notre côté, on répond à toutes les questions, dit Sylvia Morin, porte-parole de Cosmos. On trouve que certaines d'entre elles sont un peu futiles, mais on répond quand même. On veut accélérer le processus et avoir accès aux livres.»

Pourquoi ne pas avoir déposé une offre supérieure à celle de Mill Road et ainsi forcer Cossette à la considérer? Mme Morin répond que le groupe Cosmos cherchait d'abord à sécuriser l'appui de ses partenaires financiers, Burgundy Asset Management et Beutel, Goodman&Company, qui auraient pu lui tourner le dos si le groupe n'avait pas égalé l'offre de Mill Road.

«On voulait aussi démontrer notre sérieux à poursuivre le processus», dit Mme Morin, qui ajoute du même souffle que le groupe ne pouvait faire une offre supérieure à celle de Mill Road sans avoir accès à toutes les informations financières. Notons que le marché, lui, s'attend encore à une contre-offre. Le titre a perdu un cent hier pour clôturer à 8$, donc au-dessus des offres de Mill Road et de Cosmos.