La famille Molson n'a peut-être pas payé si cher pour le Canadien de Montréal après tout.

En juin dernier, un consortium mené par la famille Molson a acheté l'équipe de hockey, le Centre Bell et le promoteur de spectacles Groupe Spectacles Gillett (GSC) pour 575 millions. Or, Forbes évalue le Tricolore à 339 millions. Qui dit vrai? Les deux, chacun à leur façon.

L'évaluation de 339 millions de Forbes comprend seulement la valeur de l'équipe de hockey ainsi que certains revenus du Centre Bell lors de spectacles. Ce chiffre ne comprend pas la totalité de la valeur de l'édifice du Centre Bell ainsi que la valeur de Groupe Spectacles Gillett (GSC).

Dans le cadre du litige sur l'impôt foncier du Centre Bell, la Ville de Montréal évalue le domicile du CH à 225 millions, tandis que son propriétaire estime qu'il vaut plutôt 65 millions. Selon La Presse, le Centre Bell était grevé d'une hypothèque de 200 millions avant la vente de l'équipe. En se basant sur cette dernière donnée, l'équipe de hockey et le Centre Bell valent à deux 539 millions. Ajoutez au moins quelques dizaines de millions de plus pour GSC, qui produit la plupart des spectacles au Centre Bell.

Forbes croit que le chiffre de 339 millions est la vraie valeur du Canadien comme équipe de hockey. «La LNH a tendance à gonfler la valeur des transactions en incluant des actifs immobiliers, dit le journaliste Michael Ozanian, auteur de l'étude. Pourtant, l'équipe est le centre de l'affaire. Sans une équipe de hockey, le propriétaire ne pourrait pas aussi facilement vendre des commandites et des loges à l'année pour les autres spectacles.»

L'économiste Philip Merrigan croit plutôt que le Tricolore fait aujourd'hui partie d'un empire du divertissement difficile à scinder. «L'édifice et l'entreprise de divertissement sont indissociables de l'équipe. C'est une machine commerciale intégrée», dit le professeur d'économie à l'UQAM spécialisé dans l'économie du sport professionnel.

Même si les chiffres de Forbes tendent à démontrer le contraire, Philip Merrigan continue de croire que les Molson ont payé un peu cher pour le Canadien. «Sur un plan strictement financier, les Molson ont peut-être payé un peu cher, dit l'économiste. Pour eux, le Canadien a une valeur émotive qui les a probablement incités à mettre quelques millions de plus. Ils avaient aussi des partenaires minoritaires solides (BCE et la famille Thompson).»

La transaction entre George Gillett et le consortium mené par la famille Molson doit être approuvée par la LNH à sa prochaine réunion des gouverneurs les 15 et 16 décembre.