Mémo aux 71% des Québécois se pensent encore en récession: vous vivez dans le passé.

Au dire des économistes, la récession est terminée depuis le 1er juillet dernier. Pourtant, seulement 24% des répondants au sondage CROP-La Presse Affaires croient que la récession est chose du passé. Au total, 71% des répondants se croient toujours en récession. Une erreur dont les économistes ne se formalisent pas.

«Quand le PIB est en hausse, mais que les gens perdent leur emploi, ce n'est pas très jojo», convient Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale.

Son collègue Carlos Leitao est du même avis: la définition technique d'une récession - deux trimestres consécutifs de croissance économique négative - ne dit pas tout. «C'est une définition surtout utilisée par les milieux financiers, dit l'économiste en chef à la Banque Laurentienne. Il faut aussi tenir compte de la situation de l'emploi, de la production industrielle et des ventes au détail.»

Plusieurs économistes s'étonnent toutefois que 21% des répondants au sondage aient une moins grande confiance en l'économie nord-américaine qu'il y a six mois. «Ce sont d'éternels pessimistes! Il y a toujours un 10-15% de pessimistes, même en période de croissance économique», dit Yves St-Maurice, économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins.

Son collègue Stéfane Marion, de la Banque Nationale, est plus indulgent envers les pessimistes. «Même parmi les économistes, qui sont des experts payés pour faire ce travail, il y a des opinions très divergentes lorsque l'économie est à un tournant comme c'est le cas présentement, dit M. Marion. Alors imaginez les divergences d'opinion au sein de la population...»

Stéfane Marion prend les résultats du sondage CROP-La Presse avec un grain de sel, leur préférant des statistiques économiques plus solides comme la confiance des consommateurs ou le prix des maisons. «La confiance des gens augmente et le prix des maisons a atteint des sommets au Québec, dit-il. Il faut regarder ce que les gens font, pas juste ce qu'ils disent.»

Augmenter les tarifs ou se croiser les bras?

Les Québécois semblent divisés sur les mesures à adopter afin de régler les déficits gouvernementaux à Ottawa et à Québec.

Selon le sondage CROP-La Presse, 31% des répondants veulent augmenter les tarifs des services gouvernementaux, 15% d'entre eux parlent de réduire les services, 12% d'entre eux songent à augmenter les impôts et les taxes, tandis que 29% d'entre eux ne veulent faire rien du tout. Cette dernière solution, la deuxième plus populaire du sondage, amuse l'économiste Yves St-Maurice. «C'est bizarre, dit-il. Ces gens pensent que la reprise va stabiliser les revenus des gouvernements. Or, le déficit est structurel, pas conjoncturel. Ces gens ont l'air de penser que le problème du déficit va se régler tout seul, mais ce n'est pas le cas.»

Malgré la récession, 15% des répondants estiment que leur situation financière personnelle s'est améliorée depuis six mois. Un constat qui ne surprend pas l'économiste Carlos Leitao, de la Banque Laurentienne. «Les taux d'intérêt sont extrêmement bas, alors les paiements hypothécaires de plusieurs ménages sont moins élevés, dit-il. Il faut aussi considérer qu'il n'y a pas d'inflation. Le coût de la vie n'augmente pas.»

«Il y a toujours des gens qui améliorent leur sort en période de récession, que ce soit en se trouvant un emploi ou en obtenant une promotion», dit l'économiste Yves St-Maurice, du Mouvement Desjardins.