Janvier 2003. Dans un geste destiné à aider les pays en développement, le Canada ouvre ses frontières aux 48 pays les moins développés du globe. Quotas d'importation et barrières tarifaires disparaissent.

Quelques pays du lot, le Bangladesh en tête, sont de grands producteurs de textile. Et prennent nos marchés d'assaut.

Deux ans plus tard, nouveau coup dur pour l'industrie canadienne. Dans le cadre des négociations de l'Organisation mondiale du commerce, les quotas d'importation sur le textile tombent partout sur la planète. La Chine, parmi d'autres, accède sans contraintes aux marchés occidentaux.

Question de mieux faire avaler la pilule, Industrie Canada met alors sur pied un programme destiné à aider l'industrie textile. Des prêts et subventions sont accordés aux entreprises qui désirent investir pour augmenter leur productivité.

Depuis le 1er janvier 2003, Industrie Canada a ainsi investi 85 millions dans plus de 850 projets industriels. Le programme doit prendre fin en mars 2010, mais les fonds sont déjà épuisés.

Le bilan du programme n'est pas encore connu, mais La Presse Affaires a pu consulter une version préliminaire d'un document qui décrit ses résultats.

Industrie Canada conclut que le programme s'est avéré « justifié » et « bien aligné » et qu'il a permis de créer des entreprises « plus petites, mais plus productives ».

L'organisme calcule que le nombre d'entreprises du secteur textile a chuté de 1801 à 1383 entre 2002 et 2008 au Canada ; le nombre d'entreprises du vêtement a diminué de 3223 à 2055.

Mais les entreprises qui restent innovent plus. Entre 2002 et 2008, les dépenses annuelles de R & D par entreprise sont passées de 26 641 $ à 35 268 $ pour le secteur textile et de 5214 $ à 12 753 $ pour les entreprises du vêtement.

Industrie Canada calcule que la productivité des entreprises du textile s'est accrue de 12,3 % entre 2002 et 2008, contre 10,8 % pour l'ensemble du secteur manufacturier.

Plusieurs souhaitent aujourd'hui que le programme soit renouvelé. « L'industrie a clairement encore besoin d'aide », dit Olivier Vermeersch, vice-président, Affaires corporatives, chez Groupe CTT, un centre d'excellence mis à la disposition de l'industrie.

Industrie Canada n'a toutefois pas encore annoncé si le programme sera reconduit.

De son côté, le gouvernement du Québec n'a pas mis en place de programme spécifique à l'industrie du textile. Le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation souligne toutefois que de nombreuses entreprises du secteur textile ont bénéficié de divers programmes d'aide gouvernementaux, notamment celui des créneaux d'excellence ACCORD. Ce programme permet aux régions de cibler des secteurs industriels porteurs et de recevoir une aide pour les stimuler. Trois régions, soit Chaudière-Appalaches, le Centre-du-Québec et la Montérégie ont placé le textile sur leur liste.