Placée sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers, Attractions hippiques tirait depuis juin 2008 des revenus importants des machines de vidéopoker de Loto-Québec sans avoir à remplir ses obligations quant aux bourses à accorder aux éleveurs.

Avec l'annonce que l'entreprise fera officiellement faillite dans un mois, le ministère des Finances a ordonné hier à Loto-Québec de fermer immédiatement le robinet. Les revenus de plus de 700 machines faisaient entrer chaque année 10 millions de dollars dans les coffres de la société du sénateur Paul Massicotte, a indiqué hier Catherine Poulin, porte-parole du ministre Raymond Bachand.

 

Du côté d'Attractions hippiques, on soutient que Québec, en se défilant de ses engagements, a présidé au naufrage de l'entreprise. Attractions hippiques, qui s'attendait à des revenus nets de 49 millions de dollars en 2008, n'a encaissé que 7,6 millions.

Malgré tout, la création d'une société privée à but non lucratif est envisagée par les hommes de chevaux et les autres membres de l'industrie des courses pour relancer les activités.

Marcel Lacaille, l'un des éleveurs de chevaux de course les plus importants au Québec, estime quant à lui que le programme de 9 millions de dollars en trois ans destiné aux éleveurs de chevaux standardbred n'est qu'un cataplasme, une «intervention ponctuelle» qui ne permettra pas de sauver l'industrie.

Ancien membre du conseil de la Société nationale du cheval de course (SONACC), M. Lacaille estime que l'industrie est depuis longtemps condamnée parce que le gouvernement a eu peur de prendre des décisions difficiles. Selon lui, comme en Ontario, il aurait fallu retirer des bars tous les appareils de loterie vidéo et les installer à proximité des hippodromes. «Mais ils n'ont pas voulu déranger les Hells en sortant ça des bars», estime M. Lacaille.

On devait construire à Laval un hippodrome destiné à remplacer celui de Montréal, mais les obstacles ont vite été insurmontables: «la filière libérale» domine, à Laval, et personne au gouvernement n'a osé faire concurrence à l'entrepreneur Tony Accurso, dont l'Hippo Club compte une cinquantaine d'appareils de loterie vidéo.

«Quand il y a plus de machines à sous dans un Hippo Club que dans un hippodrome, il faut se questionner» observe M. Lacaille.

La ministre responsable de Laval, Michelle Courchesne, s'est battue bec et ongles contre la venue d'un hippodrome à Laval, indique-t-on dans les coulisses. «On aurait eu moins de problèmes avec une léproserie!» ironise un des intervenants.

Hier, devant le tribunal, Attractions hippiques a demandé un nouveau délai de 30 jours, «un avis d'intention», afin de procéder à une «vente ordonnée de ses actifs et d'utiliser le produit pour rembourser les créanciers».

Porte-parole de la société, Robert Lupien a souligné hier que la société envisage toujours de poursuivre le gouvernement «en raison des dommages pécuniaires considérables subis par elle et par ses créanciers et ses actionnaires».

Attractions hippiques estime que sa capacité financière a été «gravement affectée par la piètre performance de Loto-Québec dans l'exploitation des appareils de vidéopoker dans les Ludoplex de Trois-Rivières et de Québec».