La société québécoise GLV (T.GLV.A) veut mettre la main sur Christ Water Technology (CWT) pour un prix par action inférieur à celui auquel s'échange actuellement le titre à la Bourse de Vienne, mais elle ne prévoit pas être obligée d'allonger plus d'argent pour arriver à ses fins.

À 3,35 euros, l'offre représente une prime de 30% par rapport au cours moyen des six derniers mois, a plaidé hier le président de GLV, Laurent Verreault, en précisant que le titre de CWT a remonté très récemment en raison de l'obtention d'un contrat.

GLV s'est aussi assuré l'appui du principal actionnaire de l'entreprise, Andreas Weissenbacher, qui s'est engagé à céder sa participation de 27% au prix offert par GLV, a souligné M. Verreault en téléconférence avec les analystes financiers.

Christ Water Technology se spécialise dans le traitement de l'eau, un secteur qui intéresse de plus en GLV, et elle est active dans des marchés nouveaux pour l'entreprise québécoise. L'entreprise autrichienne, fondée en 1939, génère 58% de ses revenus en Europe et 30% en Asie. Ses technologies de purification, recyclage et désalinisation de l'eau sont utilisées par les municipalités, mais aussi par l'industrie pétrochimique et la microélectronique.

Au total, GLV prévoit dépenser 153 millions pour acheter toutes les actions de CWT et prendre en charge sa dette de 48 millions. Si elle se concrétise, cette acquisition sera la plus importante de l'histoire de GLV, qui a en déjà beaucoup derrière la cravate.

Celle-ci a été préparée de longue date. "On y pense depuis octobre 2008", a précisé le vice-président, finances, de GLV, Marc Barbeau.

GLV a obtenu un coup de pouce de la Caisse de dépôt et du Fonds de solidarité FTQ pour financer la transaction. La Caisse investit 39,8 millions dans l'entreprise et le Fonds y met 13,5 millions, en plus d'acheter pour 25 millions de débentures.

L'acheteur espère que la transaction pourra être conclue à la fin de novembre ou au début de décembre. CWT devrait augmenter de 275 millions les revenus annuels de GLV, qui étaient de quelque 600 millions au dernier exercice complet, et contribuer aux profits un an après la clôture de la transaction.

La clôture de la transaction est conditionnelle à la vente par Christ Water de sa filiale pharmaceutique, déjà amorcée, et bien entendu à l'obtention d'au moins 90% des actions dans le cadre de son offre.

Les analystes pensent que GLV devra peut-être augmenter sa mise. "Au premier abord, nous croyons que l'arrimage avec Christ Water Technology est prometteur, estime Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins. Reste à voir si GLV peut obtenir 90% des actions de CWT sans devoir payer plus cher."

L'analyste de VMD souligne aussi que CWT n'est pas rentable, et qu'il faudra travailler fort pour que son acquisition contribue aux profits de GLV dans un délai d'un an.

Le marché a fait la fête à GLV après l'annonce de l'offre publique d'achat. Le titre a gagné plus de 7%, à 7,31$. Celui de CWT a fini la journée à 3,40 euros à la Bourse de Vienne, en hausse de 2%.

Si GLV finit par mettre la main sur CWT, elle revendra probablement immédiatement une de ses filiales spécialisées dans l'alimentation. "Ça ne cadre pas dans nos plans", a expliqué le vice-président, finances. Une restructuration des activités de CWT devrait suivre, à un coût estimé entre 20 et 30 millions.

Selon Marc Barbeau, les revenus de GLV, qui sont actuellement divisés à parts égales entre le traitement de l'eau et les pâtes et papiers, proviendront à 70% du traitement de l'eau après l'intégration de CWT. C'est que GLV souhaite devenir un acteur majeur dans le secteur de l'eau, a-t-il dit. Est-ce que ça veut dire que le secteur des pâtes et papiers pourrait être abandonné par GLV? C'est une possibilité, a-t-il répondu.