Les dirigeants de Genivar (T.GNV.UN) ont-ils passé leur jeunesse à jouer à Pac-Man? Chose certaine, la firme de génie québécoise avale tout sur son passage. Genivar y est allée d'une autre acquisition, hier - sa deuxième en deux semaines et rien de moins que sa 38e depuis son entrée en Bourse en 2006. Et le prochain territoire de chasse de Genivar pourrait bien être... les États-Unis.

Genivar a avalé hier la société à numéro 3 477 592 Canada Inc., mieux connue sous le nom de Progemes Consultants. La boîte de 20 employés est établie à Longueuil et fait dans le génie du bâtiment.

Magnate

Genivar avait fait l'acquisition de Magnate, entreprise ontarienne d'ingénierie des télécommunications, la semaine dernière.

Genivar a déjà fait 11 acquisitions cette année (comparativement à 14 l'an dernier) et commence maintenant à regarder du côté des États-Unis et de l'Europe.

«Notre objectif premier était d'accroître notre présence au Canada et de devenir un chef de file au pays. On est presque rendus là. Ensuite, on aimerait ouvrir d'autres marchés internationaux. Et naturellement, on ne peut certainement pas négliger les États-Unis», a expliqué hier à La Presse Affaires Pierre Shoiry, président et chef de la direction de Genivar.

L'action du Fonds de revenu Genivar (une fiducie de revenu) a grimpé de 55 cents, ou 2,21%, hier pour clôturer à 25,45$.

«On voulait compléter notre plate-forme canadienne d'ici la fin de 2010 pour compter de 4000 à 5000 employés au Canada, a précisé M. Shoiry. Là, on approche les 4000 employés. On va bientôt avoir une présence nationale significative, alors on commence à regarder certains autres marchés.»

La firme de génie-conseil a présenté un chiffre d'affaires de 388 millions en 2008, et a enregistré des revenus de 217 millions au cours de la première moitié de 2009.

Genivar fait maintenant environ 50% de ses affaires au Québec, comparativement à 89% lorsque l'entreprise a fait son entrée en Bourse en mai 2006. Environ 10% des revenus proviennent des Caraïbes et de l'Afrique du Nord, tandis que le reste provient du reste du Canada.

De quelle façon M. Shoiry compte-t-il conquérir les nouveaux marchés? «C'est certain que ça va être par acquisition, répond le président. Notre stratégie a toujours été de viser des boîtes de 20 à 300 employés. Mais comme plate-forme dans un nouveau pays, ça sera certainement plus dans les tailles moyennes que dans les petites tailles.»

Pierre Lacroix, analyste de Valeurs mobilières Desjardins qui suit l'entreprise, croit même qu'il faut s'attendre à voir Genivar devancer son propre échéancier.

«Compte tenu de ce qui se passe aux États-Unis, avec le marché de la construction qui peine à se relever et les occasions qui se présentent là-bas, ça serait possible de voir Genivar commencer à être actif au sud de la frontière avant leur date limite de la fin de 2010», dit l'analyste.

M. Lacroix explique que le ralentissement économique a fait chuter la valeur des entreprises et qu'il est aujourd'hui possible de les acquérir à bon prix.

Pour le président, Pierre Shoiry, les acquisitions font partie intégrante de la stratégie de croissance de l'entreprise.

«On utilise beaucoup les acquisitions comme effet de levier pour générer de nouvelles affaires dans l'entreprise, explique-t-il. Mais on a aussi une croissance organique assez forte. Elle a atteint 14% au cours des six premiers mois de l'année. Pour les années passées, on avait eu au-dessus de 25% de croissance organique.»

Genivar, qui tire environ 60% de ses revenus du secteur public, bénéficie actuellement des investissements des gouvernements en infrastructure, et croit que la manne n'est pas sur le point de se tarir. «Les besoins sont énormes, souligne M. Shoiry. Ça prend un financement adéquat et récurrent, et on croit que les gouvernements l'ont compris.»