L'aéroport Montréal-Trudeau est en voie de reprendre son rôle de plaque tournante internationale, après l'avoir perdu en marge de la saga Dorval-Mirabel.

Air Canada a commencé à jouer la carte de la plaque tournante avec ses vols à destination de l'Europe, et notamment avec ses nouvelles liaisons vers Genève et Rome. Le transporteur vise la clientèle montréalaise, mais aussi celle de l'est du pays, de l'est des États-Unis, et même de certaines villes de la côte ouest américaine.

«L'ouverture de la nouvelle aile transfrontalière de l'aéroport va rendre les correspondances plus faciles, elle va nous permettre d'aller chercher davantage de clientèle, a déclaré la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur. Montréal-Trudeau devient une plaque tournante de plus en plus efficace pour amener les voyageurs américains et les faire passer par Montréal pour les envoyer vers l'Europe.»

Déjà, Air Canada a annoncé une nouvelle liaison vers Bruxelles pour l'année prochaine. Et des sources de l'industrie parlent maintenant de l'instauration de liaisons vers Athènes et Barcelone.

En juillet dernier, le nombre de passagers à l'aéroport Montréal-Trudeau a diminué de 7% pour les liaisons domestiques et de 2,2% pour les liaisons avec les États-Unis par rapport à juillet 2008. Toutefois, le nombre de passagers a augmenté de 6% pour les liaisons internationales. Air Canada a joué un grand rôle dans cette croissance.

«Notre capacité transatlantique au départ de Montréal a augmenté de 35% cet été, avec le lancement de nouvelles liaisons vers Genève, Rome et Fort-de-France, en Martinique, a indiqué Mme Arthur. Nous avons augmenté notre capacité de façon stratégique.»

Elle a précisé que le transporteur établissait de nouvelles liaisons en fonction de la demande, du bassin de population, mais aussi des possibilités de correspondances. Elle a donné l'exemple de Genève, une ville peu desservie à partir de certaines villes américaines, notamment sur la côte Ouest.

«Nous avons établi les horaires pour que les correspondances se fassent très facilement à partir de San Francisco et Los Angeles, a indiqué Mme Arthur. Les passagers pourront changer d'appareil à Montréal et s'envoler vers Genève.»

Elle a déclaré que Toronto demeurait la principale plaque tournante d'Air Canada, mais que le transporteur s'était donné deux autres plaques tournantes stratégiques, Vancouver, avec une ouverture vers l'Asie, et Montréal, avec une ouverture vers l'Europe.

La vice-présidente aux affaires publiques d'Aéroports de Montréal, Christiane Beaulieu, a rappelé que l'aéroport de Dorval avait perdu son rôle de plaque tournante lorsqu'il avait été décidé de réserver les liaisons internationales pour Mirabel et de garder les liaisons domestiques et transfrontralières à Dorval.

«Les transporteurs ne voulaient pas faire de plaques tournantes à Montréal parce que ça aurait été trop compliqué, a indiqué Mme Beaulieu. Entre un vol venant des États-Unis et un vol vers l'Europe, il aurait fallu faire une heure de route entre les deux aéroports. Résultat, nous sommes disparus de l'écran radar de beaucoup de compagnies aériennes.»

Avec le rapatriement des vols internationaux et l'ouverture de la nouvelle zone des départs vers les États-Unis, Montréal-Trudeau espère retrouver son rôle de plaque tournante.

L'aéroport montréalais a un autre avantage: les divers frais imposés aux transporteurs y sont un peu moins élevés qu'à Toronto. Il y a quelques années, le président et chef de la direction d'ACE Aviation (la société mère d'Air Canada), Robert Milton, affirmait que Lester B. Pearson était l»'aéroport le plus cher au monde alors que le Canada, un pays où les coûts sont généralement peu élevés, n'est jamais le plus cher en quoi que ce soit».

La hausse du nombre de passagers internationaux à Montréal-Trudeau va à l'encontre de la tendance observée dans le monde. Selon l'Association du transport aérien international (IATA), le trafic passager international a fléchi de 2,9% en juillet 2009 par rapport à juillet 2008.