Montréal est peut-être l'un des tournois préférés des Federer, Nadal et compagnie, leur comptable a une autre opinion de la Coupe Rogers. Cette semaine, le fisc amputera jusqu'à 24% des bourses des participants de la Coupe Rogers, l'un des taux les plus élevés du circuit professionnel de tennis. «Nous faisons rire de nous», dit Eugène Lapierre, directeur de la Coupe Rogers.

Selon les calculs de La Presse Affaires, les revenus du fisc pourraient atteindre jusqu'à 780 000$ cette semaine au stade Uniprix, soit l'impôt moyen de 100 contribuables québécois.

 

Tennis Canada prélève 15% de la bourse des joueurs pour le compte de l'Agence du revenu du Canada et 9% pour le compte de Revenu Québec. Sur l'ensemble de la bourse de 3 millions US, les joueurs verseront jusqu'à 780 000$ (720 000$US) en impôts au fédéral et au Québec. À lui seul, le champion de la Coupe Rogers en simple versera 115 349$CAN sur sa bourse de 443 500$US, soit la facture annuelle moyenne de 15 contribuables québécois.

Les joueurs de tennis n'ont pas les déclarations de revenus les plus simples. Chaque année, ils pratiquent leur métier dans une vingtaine de pays, dont le Canada.

Cette semaine à la Coupe Rogers, l'imposition de leurs revenus est régie par les conventions fiscales entre le Canada et leur pays de résidence.

Selon la plupart de ces conventions fiscales, les pays hôtes des tournois ont le droit de prélever un impôt à la source sur les bourses. «Le pays où est disputé le tournoi a compétence pour imposer les gains à la source», dit Daniel Sandler, un avocat fiscaliste chez Ernst&Young à Toronto, qui se spécialise dans les questions fiscales touchant le sport professionnel.

Le fiscaliste émet toutefois un bémol. «C'est une déduction à la source, pas un impôt final, dit Daniel Sandler. Les contribuables peuvent tenter de se faire rembourser cet impôt. Un joueur peut déduire les dépenses qu'il engage pour gagner un revenu, par exemple le salaire d'un entraîneur ou des billets d'avion. Un joueur qui n'a pas fait beaucoup d'argent peut peut-être se faire rembourser une partie de son impôt prélevé à la source.»

Une catégorie de joueurs est exemptée d'impôts à la Coupe Rogers: les joueurs américains qui perdent en première ronde en simple (ou au plus tard en quart de finale en double). En vertu de la convention fiscale canado-américaine, le pays hôte d'un tournoi sportif professionnel ne peut imposer les bourses inférieures à 15 000$. Un joueur qui perd en première ronde de la Coupe Rogers a droit à une bourse de 8500$US. Cette exemption ne vise pas seulement les joueurs qui ont la citoyenneté américaine, mais tous les joueurs qui sont considérés comme des résidents américains à des fins fiscales. Plusieurs joueurs de l'ATP qui n'ont pas la citoyenneté américaine vivent en Floride, un État américain qui ne prélève pas d'impôt sur le revenu de ses résidents.

L'Agence du revenu du Canada reconnaît imposer les bourses des participants à la Coupe Rogers. «La règle générale vaut que nous imposions une déduction à la source de 15% sur les revenus gagnés par des non-résidents pour des services rendus au Canada, dit Caitlin Workman, porte-parole de l'Agence du revenu du Canada. La retenue d'impôt n'est pas nécessairement finale. Un joueur non résident peut produire une déclaration et demander un remboursement d'impôt.»

Revenu Québec confirme aussi imposer les bourses de la Coupe Rogers. «Nous imposons une retenue d'impôt de 9% pour des services rendus au Québec, à moins que l'athlète n'obtienne une dispense de retenues à la source», dit Dany Lapointe, porte-parole de Revenu Québec.