Même si la récession désarçonne les marchés et les consommateurs partout dans le monde, le Cirque du Soleil n'a pas perdu l'équilibre et traverse cette année difficile sans trop de soubresauts. Mais la prudence reste de mise: le Cirque a prolongé son gel de salaires pour la deuxième moitié de l'année.

On ne mesure pas vraiment de pertes, soutient la porte-parole du Cirque, Renée-Claude Ménard. Mais ce qu'on essaie de faire, c'est de surveiller et contrôler ce qui se passe.»

À Las Vegas, où le Cirque présente six productions, le taux d'occupation est passé de 90% à 80% pendant la crise. Il faut toutefois noter que le sixième spectacle (associé au magicien Criss Angel) est tout nouveau et que cela implique des taux d'occupation moindres.

En plus, Vegas a vécu une dure année. C'est sûr que Las Vegas, c'est un marché plus difficile présentement», disait d'ailleurs le PDG du Cirque, Daniel Lamarre ,au mois d'avril.

«L'an passé, Vegas était beaucoup plus affecté que nos autres marchés a précisé Mme Ménard à La Presse Affaires. Mais au final, avec le sixième spectacle, cela n'a pas affecté nos ventes totales de billets. Et en ce moment, Vegas a repris le dessus.»

Il y a quelques jours, le PDG du partenaire du Cirque à Vegas, MGM Mirage, indiquait que la ville et les hôtels-casinos étaient «clairement sur la voie de la reprise, ce qui est une très bonne nouvelle parce que ce fut une année brutale».

Le «carnet de commandes» du Cirque va bien, assure Mme Ménard. Il s'agit maintenant de le concrétiser. «Le Cirque est prudent et essaie d'anticiper pour les trois ou quatre prochaines années. Il faut s'assurer de pouvoir compléter les projets.»

C'est dans cet esprit que le gel des salaires avait été annoncé en décembre. «C'était une mesure préventive, dont l'objectif simple était de protéger les emplois», explique la porte-parole.

Le gel, qui touchait les 4500 employés du Cirque et la haute direction, équivaut à une économie de 2,5% des dépenses salariales. Cela n'a pas empêché l'entreprise de verser des bonis de performance de 3% au printemps.

Le Cirque a néanmoins prolongé son gel des salaires pour le deuxième semestre. On ne sait pas s'il sera maintenu en 2010.

«La vigilance est de mise, dit Mme Ménard. Une évaluation sera faite à la fin de l'année pour voir si on arrive dans le budget. La direction va agir en conséquence.»

Le Cirque a aussi réduit de 20% ses frais de voyage et de déplacement.

Le spectacle permanent prévu à Dubaï a quant à lui été retardé en raison de la crise. Aucune nouvelle date n'a encore été annoncée.

En avril, Daniel Lamarre se disait plutôt optimiste quant à la capacité du Cirque et des institutions artistiques de se tirer d'affaire en période de récession.

«Les gens n'achètent pas de voiture ou de maison, mais ils achètent des billets pour voir le Cirque, a-t-il affirmé. Parce que plus que jamais, ils ont besoin de se divertir.»

***

La nouvelle Vegas

Vegas, que l'on croyait à toute épreuve, commence à sortir la tête de l'eau. Mais un article du Las Vegas Sun publié au début du mois joue les rabat-joie. Sin City prendra plus de temps à se sortir de la récession que le reste des États-Unis, estiment des économistes locaux. Et la ville n'aura plus jamais la même économie. Ce qui l'attend, c'est une très faible croissance de la population, un chômage au-dessus de la moyenne, la fin du boom de la construction et une suroffre d'hébergement. Vegas est à la croisée des chemins: soit elle mise encore davantage sur le tourisme, ce qui demandera beaucoup de créativité, soit elle essaie à nouveau de diversifier son économie, ce qui a plus ou moins réussi par le passé.