Récession oblige, les consommateurs de la planète modifient leur comportement: les Américains ont mis un frein à leurs dépenses; les Canadiens, quant à eux, ont légèrement modifié leurs habitudes de consommation, tout en consolidant leurs épargnes, révèle un sondage. Une bonne nouvelle pour l'économie canadienne.

C'est en temps de crise qu'on sépare les hommes des enfants, dit-on, et les Canadiens semblent garder la tête froide en période de récession. Non seulement ils résistent à la tentation de piger dans leur bas de laine pour traverser la tempête, mais ils font même preuve d'un optimisme qui dépasse celui des Américains, des Australiens et de bien des Européens.

 

Un sondage d'ING Direct mené dans neuf pays montre que les Canadiens sont parmi ceux qui réagissent le mieux à la crise quand on examine leurs habitudes d'épargne. Seulement 23% d'entre eux ont diminué leur épargne au cours des six derniers mois, soit moins que les Américains (28%), les Français (40%) ou les Italiens (42%). En fait, parmi les neufs pays où ING Direct fait des affaires, seuls les Autrichiens sont moins nombreux à avoir réduit leur épargne (22%).

«Les Canadiens ont toujours été de bons épargnants et ils le prouvent encore ici», constate Peter Aceto, président et chef de la direction d'ING Direct Canada. M. Aceto note que si l'épargne des Canadiens a diminué au cours des dernières années, il semble revenir à ses niveaux historiques depuis 12 ou 18 mois.

«Les Canadiens gardent le cap sur la prudence, dit-il. Ils sont constants, beaucoup plus que nos cousins américains, dont le comportement est beaucoup plus changeant avec le temps.»

Mais prudence ne veut pas dire pessimisme, et M. Aceto ne croit pas que les Canadiens mettent de l'argent de côté parce qu'ils sont inquiets pour l'avenir. «Malgré la récession mondiale, les Canadiens sont demeurés plus optimistes au sujet de leurs finances que les habitants des autres pays», soutient-il.

Pour mesurer l'optimisme des différents peuples, ING Direct a mitraillé les citoyens de questions pour voir comment ils réagissent au ralentissement.

Comme tout le monde, les Canadiens ne demeurent pas inactifs; 80% d'entre eux ont modifié leurs habitudes. Ils réduisent les dépenses non nécessaires et se privent de petits luxes (56% d'entre eux), essaient d'économiser l'énergie (50%) et passent plus de temps à la maison (50%). En ce sens, ils ne sont pas très différents des Américains, des Australiens et des Européens.

Mais s'ils réduisent les petites dépenses, les Canadiens ont moins tendance à reporter les dépenses plus importantes comme l'achat d'un véhicule, la rénovation de leur maison ou l'achat d'une nouvelle propriété. Et ça, aux yeux d'ING Direct, est un signe d'optimisme.

Ainsi, 22% des Canadiens ont remis à plus tard leur rêve de s'acheter une nouvelle voiture, l'une des proportions les plus faibles de tous les pays étudiés. Même phénomène quand on regarde du côté des rénovations et de l'achat d'une nouvelle maison.

Selon M. Aceto, l'optimisme des Canadiens se révèle aussi lorsqu'on examine leurs attentes face à la retraite. Seulement 29% des Canadiens croient que le ralentissement économique les obligera à retarder l'âge de leur retraite - une proportion beaucoup plus faible qu'aux États-Unis, où pas moins de 40% des répondants croient qu'ils devront travailler plus longtemps à cause de la récession actuelle.

La proportion atteint 41% en Australie et 43% en Allemagne. En fait, seuls les Espagnols et les Britanniques sont plus optimistes que les Canadiens à ce chapitre.

Cet optimisme a cependant une contrepartie. Si relativement peu de Canadiens sont inquiets pour leur retraite, ceux qui le sont le sont réellement. Quand on demande à ceux-là combien d'années supplémentaires ils prévoient devoir travailler à cause de la récession, le tiers d'entre eux répondent 10 ans ou plus, une proportion beaucoup plus élevée que partout ailleurs, sauf aux États-Unis.

«Dix ans, c'est beaucoup, s'étonne M. Aceto. C'est une surprise - une terrible nouvelle, en fait, qui est effectivement décevante. Mais je vous parie que si on refaisait le sondage dans un an ou deux, les résultats seraient bien différents.»

 

Les Canadiens protègent leurs épargnes

(Depuis six mois, proportion des gens qui ont accru ou réduit leurs économies)

Accru / Réduit

Canada: 17% / 23%

États-Unis: 25% / 28%

Royaume-Uni: 15% / 35%

France: 8% / 40%

Italie: 29% / 42%

Espagne: 20% / 32%

Source: ING Direct

 

29%

Part des Canadiens qui croient que la récession les obligera à repousser l'âge de la retraite.

8%

Proportion des Canadiens qui ont reporté l'achat d'une maison en raison de la crise financière.

22%

Pourcentage des Canadiens qui ont reporté l'achat d'une voiture à cause de la récession.