Faut-il étendre la consigne aux bouteilles d'eau en plastique, comme pour les boissons gazeuses?

Oui, réclament l'Union des municipalités du Québec et des intervenants écologistes. Ils y voient le moyen de réduire les millions de bouteilles d'eau qui, disent-ils, aboutissent dans les sites d'enfouissement plutôt qu'au recyclage.

Mais non, rétorquent les embouteilleurs d'eau et les gestionnaires des centres de tri et de récupération.

Ces derniers craignent que la consigne élargie aux bouteilles d'eau enlève de la collecte sélective une autre source de plastique de haute valeur sur le marché des matériaux recyclables.

 

Des embouteilleurs d'eau, comme Naya de Mirabel, meneur du marché au Québec, craignent pour leurs efforts de promotion du recyclage de leurs bouteilles par la collecte sélective.

«Les centres de tri ont déjà des problèmes à soutenir leurs activités avec la baisse de prix des matières recyclables. Ça risque d'empirer si on leur enlève une matière aussi valorisée que le plastique des bouteilles d'eau», a résumé Johnny Izzy, directeur général de Gaudreau Environnement, un important gestionnaire de centres de tri au Québec (Victoriaville) et, depuis peu, à Toronto.

En fait, selon M. Izzy, toute la consigne des contenants de boissons en plastique et en aluminium devrait être remise en question, parce qu'elle serait une cause de la précarité financière du système de collecte sélective.

Ils citent des chiffres éloquents: l'aluminium recyclable vaut environ 800$ la tonne sur le marché de la récupération. Et les plastiques, de 200 à 300$ la tonne.

Or, ces matériaux ne pèsent que 6% du poids moyen des bacs de recyclage contre 75% pour le papier et le carton qui, eux, valent à peine quelques dizaines de dollars la tonne.

Pire encore, selon M. Izzy, la consigne des contenants de plastique et d'aluminium au Québec serait devenue une véritable «fuite» de matériaux recyclables de haute valeur pour les entreprises de récupération d'ici.

«Ce que peu de Québécois savent, c'est que le réseau de consignation chez les détaillants ainsi que le recyclage de ces matériaux sont monopolisés par une grande entreprise de l'extérieur, a expliqué M. Izzy.

«Aussi, cette entreprise exporte tous les ballots de contenants récupérés pour qu'ils soient recyclés dans des usines hors-Québec. Ce sont des tonnes d'aluminium et de plastique, qui valent le plus sur le marché du recyclage, qui échappent aux entreprises québécoises de récupération comme la nôtre.»

Par conséquent, à moins que Québec ne modifie sa politique de consigne pour obliger un premier traitement des contenants récupérés dans des usines d'ici, les entreprises comme Gaudreau Environnement refusent son expansion avec les bouteilles d'eau.

N'empêche, à l'Union des municipalités (UMQ) et chez Recyc-Québec, la société d'État qui supervise la consigne, on espère un prochain énoncé de politique en ce sens de la part du gouvernement Charest.

Probablement en novembre prochain, lors du «Rendez-vous 2009» sur le recyclage organisé par Recyc-Québec.

«C'est un souhait que nous avons déjà transmis par écrit (en mars dernier) à la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp: que la consigne soit élargie aux bouteilles d'eau», rappelle François Sormany, porte-parole de l'UMQ.

À Recyc-Québec, on cite le taux encore inférieur de recyclage des bouteilles d'eau par rapport aux autres contenants de boissons en consigne pour souhaiter leur inclusion.