Après un an et demi derrière les barreaux, Vincent Lacroix est redevenu un homme «libre», mardi soir. L'ex-PDG de Norbourg est sorti de prison pour passer sa première nuit en maison de transition, où il a été accueilli par une foule de citoyens en colère.

Il était 20h45 quand le fourgon des services correctionnels a lentement traversé l'allée du Centre de détention Rivière-des-Prairies, les gyrophares allumés. Le camion s'est immobilisé à quelques mètres de la sortie. Et Vincent Lacroix, les yeux cernés, amaigri, est descendu par la porte arrière, ses effets personnels à la main.

Accueilli par de nombreux journalistes, Vincent Lacroix n'a pas prononcé un mot en parcourant les quelques mètres qui le séparaient de la voiture de son père, Donald Lacroix.

Une demi-heure plus tard, le financier déchu a gardé le même silence à son arrivée à la maison de transition de Saint-Henri, où il passera les 18 prochains mois.

Mais les résidants du quartier montréalais, eux, ne se sont pas tus.

«Voleur!», «ordure!», «retourne en prison!» ont scandé la cinquantaine de personnes qui s'étaient déplacées dans l'unique but d'injurier l'homme responsable de l'un des plus importants scandales financiers du Canada.

«Après tout ce qu'il a fait aux petits investisseurs, soyez certains qu'on va l'avoir à l'oeil», a lancé Gabrielle Charron, les poings serrés.

Conditions remplies

Dur retour à la réalité pour Vincent Lacroix, qui a réussi à réunir les deux conditions financières nécessaires à sa sortie de prison, deux semaines après avoir obtenu sa libération conditionnelle.

Trois de ses proches ont accepté d'offrir l'engagement de 50 000 $ exigé par la Cour. Sa mère, Ginette Lacroix, et ses beaux-parents, Fernand et Madeleine Giguère, ont finalisé leur entente avec la Couronne, mardi après-midi. Après bien des tergiversations, le père du financier déchu, Donald Lacroix, a quant à lui accepté de payer la caution de 5000 $.

Vincent Lacroix restera en maison de transition fermée pendant les neuf premiers mois de son séjour, c'est-à-dire qu'il ne pourra sortir que pour faire du bénévolat entre 9 h et 16 h. Les neuf mois suivants, il sera en maison de transition ouverte.

«Généralement, les résidants occupent une chambre double à leur arrivée», a précisé Jean-Yves Roy, gestionnaire des relations avec les médias pour le Service correctionnel du Canada. Vincent Lacroix pourra recevoir des visiteurs, mais uniquement dans la salle de séjour.

Rappelons que, le 8 juillet, le juge Richard Wagner, de la Cour supérieure, a accepté la requête de mise en liberté de l'ancien dirigeant de Norbourg. Il avait purgé le sixième de sa peine de huit ans et demi de pénitencier, ce qui le rendait admissible à une semi-liberté conditionnelle.

Vincent Lacroix, qui a orchestré un détournement de 115 millions à même l'épargne de 9200 investisseurs, avait été déclaré coupable en janvier 2008 des 51 accusations qui pesaient contre lui.

Il doit revenir en cour à la mi-septembre pour le début de son procès criminel. Vincent Lacroix et cinq de ses présumés complices dans l'affaire Norbourg font face à 922 chefs d'accusation de fraude, complot pour fabrication de faux documents, fabrication de faux et blanchiment d'argent.