Quand il saute du lit et qu'il voit des nuages - ou encore mieux, des averses - à sa fenêtre, Michel Parent sourit. Il sait alors qu'il connaîtra une bonne journée au bureau.

Michel Parent est copropriétaire de Vacances Tours Mont-Royal, grossiste spécialisé dans les forfaits de vacances au soleil.

Des forfaits très demandés cet été, alors que dame Nature a décidé de faire subir ses caprices aux Québécois.

«Le mauvais temps influence les gens qui décident de leurs vacances à la dernière minute et qui pensaient rester au Québec, dit Michel Parent. Ça les incite à partir dans le Sud, d'autant plus que les prix sont intéressants. Quand on compare avec des vacances au Québec, c'est souvent moins cher de prendre l'avion et d'aller dans le Sud.»

Tours Mont-Royal, qui vend ses forfaits soleil au grand public mais surtout aux agences de voyages, a vu ses ventes croître de 10% cet été par rapport à la même période l'an dernier. La demande est tellement forte que le grossiste a pu hausser ses prix de l'été dernier. C'est encore moins cher que durant l'hiver, sa saison préférée en affaires, mais tout de même 10% plus cher que l'été dernier.

«C'est l'offre et la demande. Quand il y aura des périodes plus creuses en septembre et en octobre, les prix vont redescendre», dit Michel Parent, qui estime que le nombre de voyages vendus par Tours Mont-Royal durant la saison estivale (du 1er mai au 31 octobre) passera de 50 000 à 55 000 en 2009.

Tours Mont-Royal n'a plus de forfaits pour lesquels il reste des places jusqu'au début du mois d'août. Et il n'est pas le seul grossiste à afficher complet. Le téléphone ne dérougit pas non plus chez Vacances Transat, qui reçoit 30% plus d'appels qu'à l'habitude.

Les ventes de forfaits vers les 14 destinations soleil desservies par Vacances Transat à partir de Montréal sont en hausse, mais l'entreprise refuse de dévoiler ses chiffres parce que sa société mère, Transat, est inscrite en Bourse.

«Nos ventes pour des forfaits dans le Sud sont supérieures à l'an dernier. La température a une incidence directe sur les ventes», dit Pierre Tessier, porte-parole de Transat, qui détient les grossistes Vacances Transat et Nolitours ainsi que l'agence Club Voyages.

«Il n'y avait presque plus de places sur nos vols de la semaine dernière. Il faut absolument réserver deux ou trois semaines à l'avance. Avant, les gens pouvaient partir à la toute dernière minute. Dans le marché actuel, nous n'avons presque plus d'inventaire», dit Pierre Tessier.

Chez Vacances Air Canada, le coefficient d'occupation sur les vols à partir du Québec en juillet est de 99,5%. Aussi bien dire qu'il n'y a plus de sièges disponibles pour le reste du mois.

Les avions de Vacances Air Canada sont plus bondés de 5% cet été par rapport à l'an dernier. L'achalandage sur ses vols en direction de ses 24 destinations soleil est en hausse de 19% depuis le début de l'été, tandis que la capacité des vols est seulement en hausse de 13%. «Notre été se déroule très bien, dit Manon Leblanc, porte-parole de Vacances Air Canada, le grossiste en forfaits d'Air Canada. Les gens aiment aller dans le Sud l'été car c'est au moins 30% moins cher que durant l'hiver, mais il y a toujours la mer, la plage, les vacances.»

D'un point de vue boursier, les actionnaires de Transat et d'Air Canada ne se réjouissent pas trop vite du mauvais temps qui fait mousser les ventes de l'entreprise. Comme les horaires sont déterminés plusieurs mois à l'avance, les grossistes des transporteurs aériens ne peuvent rajouter d'autres vols à la dernière minute afin de profiter de cette manne inespérée.

«Nous avons beaucoup de volume de ventes, mais nos marges restent aussi minces», ajoute Pierre Tessier.

L'action de catégorie B de Transat, qui a perdu 4% mardi avant de terminer la séance à 9,55 $ à la Bourse de Toronto, a perdu 10,2% de sa valeur au cours du dernier mois. L'action A d'Air Canada, qui a perdu 2,2% mardi avant de terminer la séance à 1,32 $ à la Bourse de Toronto, a perdu 11,4% de sa valeur au cours du dernier mois.