Même si la grippe A (H1N1) n'est plus associée nommément à la viande porcine, les producteurs de porc du Québec sont des victimes collatérales du virus. La pandémie est venue anéantir les jolies perspectives de 2009 en repoussant fortement les prix à la baisse.

Le prix de vente d'un porc se détaille aujourd'hui entre 110 et 120$ sur le marché de gros, alors que le coût de production varie entre 150 et 160$, tout dépendant de la fluctuation des prix du grain et du dollar canadien. C'est donc dire qu'un producteur perd une trentaine de dollars par porc, un écart que le président de la Fédération des producteurs de porc du Québec (FPPQ), Jean-Guy Vincent, n'hésite pas à associer à la grippe A (H1N1).

 

«On a été frappés de plein fouet, lance-t-il. Le H1N1 n'a pas d'impact au Canada, mais il a un fort impact aux États-Unis. Or, nos prix sont en fonction des prix américains, et les États-Unis ont perdu de nombreux marchés en raison de la pandémie.»

Les producteurs ont rapidement vu le prix de vente décliner à partir des premières nouvelles de l'apparition du virus, au début de mai. Dommage, parce que dans les deux mois précédents, les prix n'étaient pas fantastiques, mais ils n'étaient pas très éloignés de la moyenne des cinq dernières années à la même période.

«Les prix n'étaient pas très élevés, mais les prévisions étaient excellentes pour cette année, précise Jean-Guy Vincent. Nous prévoyions que nous n'aurions probablement pas besoin d'intervention de notre assurance. Les marchés s'orientaient de façon à ce que nous retrouvions notre coût de production.»

Ç'aurait été plus que bienvenu après des années difficiles marquées par des maladies dans les troupeaux, des problèmes de surproduction mondiale et l'envol du dollar canadien. Les producteurs ont dû recourir à l'assurance de stabilisation des revenus bien largement qu'à l'habitude.

Une nouvelle convention

Au moins, le président de la FPPQ tire quelque chose de positif de la grippe A (H1N1). «Des consommateurs ont découvert la qualité de notre produit, les normes de qualité et le fait que la production et la transformation soient régies. Il y a un intérêt majeur des acheteurs de ce côté.»

M. Vincent, qui vient d'obtenir un deuxième mandat à la tête de la FPPQ, a d'autres raisons de se réjouir malgré la chute des prix. Les producteurs et les transformateurs viennent d'accoucher d'une nouvelle convention de mise en marché. Cela faisait plus d'un an que les discussions avaient été entreprises.

«Ça va générer 150 millions de dollars de plus dans la filière porcine», dit M. Vincent. Selon lui, la convention met la table pour une nouvelle relation d'affaires entre producteurs et transformateurs.

La convention prévoit qu'à chaque abattoir soit associé un volume de producteurs. La planification des sorties de porc sera faite directement entre le producteur et le transformateur, plutôt que par un canal unique centralisé.

«Cela permettra d'éviter ce qu'on a connu dans les dernières années, c'est-à-dire de voir des surplus de porcs pas abattus, explique M. Vincent. Les coûts de production seront aussi réduits.»

Selon lui, cette nouvelle façon de faire correspondra mieux à la mondialisation des marchés, et générera une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux.

La nouvelle convention, d'une durée de quatre ans, entrera en vigueur le 7 septembre prochain.