Les frères Molson ont atterri au centre de l'actualité le week-end dernier en rachetant le club de hockey Canadien. Mais comment se porte le brasseur fondé en 1786 par leurs ancêtres, cinq ans après sa «fusion d'égaux» avec l'américain Coors?

Assez bien, s'il faut en croire la direction, les syndiqués et les analystes. Molson Canada - la division canadienne de la nouvelle entité Molson Coors - compte toujours autant d'employés et de vice-présidents qu'avant la fusion annoncée en juillet 2004, affirme Marieke Tremblay, vice-présidente aux affaires corporatives.«Les postes de vice-présidents de Molson inc. basés à Montréal avant la fusion sont pratiquement tous encore existants: soit ils ont été transférés en postes au sein de Molson Canada ou de Molson Coors, soit il y en a de nouveaux», a-t-elle indiqué dans un courriel à La Presse Affaires.

Molson Canada emploie au total 3000 personnes, dont 1800 à 2000 travaillent au Québec selon la saison. Un nombre inchangé depuis la fusion, soutient l'entreprise.

Stéphane Lacroix, porte-parole de la section locale 1999 des Teamsters, qui représente les employés d'usine de Montréal, confirme que la transaction n'a «pas changé grand-chose».

«On n'a rien à dire contre et rien à dire pour, dans la mesure où il n'y a eu aucun impact négatif à l'usine de Montréal, a dit M. Lacroix. De façon générale, on produit encore toutes les mêmes bières, sauf la Blue Moon.»

La production de la Blue Moon, vendue seulement aux États-Unis, a été transférée au sud de la frontière à la fin de l'an dernier. En conséquence, Molson Canada a dû licencier 120 personnes à Montréal par des départs à la retraite, mais l'entreprise a en parallèle créé 100 postes permanents pour ses plus jeunes travailleurs.

Plus de Coors, moins de Molson

Du côté des livreurs, les conditions de travail sont demeurées les mêmes... même si les marques de bières vendues ont bien changé. L'entreprise mise plus sur la bannière Coors que sur les produits Molson depuis la fusion, selon Pierre Gingras, président de la section locale 501 des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce.

«C'est Coors Light, autrement dit, qui est dorénavant le véhicule au Québec pour Molson», a affirmé M. Gingras, qui représente quelque 200 livreurs et employés de laboratoires au Québec.

Dans l'ensemble, la transaction finalisée en 2005 a été bénéfique tant pour Molson que pour Coors, selon l'analyste Pat Palozzi, de la firme Beutel Goodman&Company, qui suit de près la société.

«La fusion a été positive dans son ensemble selon moi: elle a permis de livrer les économies d'échelle prévues et la transition entre les deux équipes de direction s'est faite tout en douceur», a dit M. Palozzi, joint à Toronto.

Et qu'en est-il du siège social «double» partagé entre Montréal et Denver au Colorado? Rien n'a bougé depuis la conclusion de l'alliance en 2005, affirme la porte-parole de Molson Coors.

Bureaux à Montréal

Eric Molson, président émérite, Andrew Molson, vice-président du conseil, et Geoff Molson, ont toujours leurs bureaux dans la métropole québécoise. «Les autres dirigeants de Molson Coors travaillent majoritairement de Denver mais sont régulièrement à Montréal», a dit Marieke Tremblay.

Les assemblées annuelles sont toujours tenues en alternance à Montréal et Denver, a-t-elle ajouté.

La plupart des décisions importantes qui touchent Molson Canada sont encore prises au pays, d'après Pat Palozzi. «La division canadienne continue d'être celle qui génère le plus de profits. Le Canada sera toujours très important pour cette société.»

Par ailleurs, la fusion récente entre Molson Coors et le brasseur Miller au sud de la frontière viendra accroître de beaucoup la présence du groupe dans le marché américain, a ajouté l'analyste.

M. Palozzi prévoit une croissance nulle ou légèrement positive des ventes de bière de Molson Coors cette année, dans le marché «mature mais très stable» de l'Amérique du Nord.

Le volume mondial de bière vendu par l'entreprise a reculé de 2,7% au premier trimestre de 2009. Il avait déjà baissé de 4,2% l'an dernier.

Les profits de Molson Coors ont fléchi de 22% en 2008, à 388 millions de dollars US. Le titre de l'entreprise a clôturé à 42,01$ hier à la Bourse de New York, en baisse de 2,4%. L'action a reculé de 14% depuis le début de l'année.

3000

Nombre d'employés au Canada, répartis dans six usines

+ 121%

Hausse annuelle du bénéfice net au premier trimestre de 2009

- 2,7%

Baisse du volume de bière vendu au premier trimestre