L'imprimeur Quebecor World demeure confiant d'obtenir le feu vert de ses créanciers à son plan de restructuration, même s'il implique la radiation de centaines de millions de dollars de ce qu'elle leur doit.

Et cet optimisme prévaut chez l'imprimeur même s'il a soudainement décidé, hier matin, de prolonger la période de vote de ses créanciers au Canada et aux États-Unis.

Ce vote des créanciers, faut-il préciser, est une étape cruciale de la fin prochaine de la protection de faillite de Quebecor World, qui dure depuis un an et demi.

En tout, 8000 créanciers de l'imprimeur au Canada et aux États-Unis ont droit de vote, représentant un passif de presque trois milliards US en titre de dette et en comptes payables.

À Montréal, ce report inattendu s'est traduit par l'annulation en dernière heure, hier matin, de l'assemblée des créanciers qui avait été convoquée dans un grand hôtel du centre-ville.

Cette assemblée a été reportée à lundi prochain, au même Marriott-Château Champlain, mais à une heure encore à confirmer.

Pour les filiales de Quebecor World aux États-Unis, une telle assemblée de créanciers n'est pas requise selon la législation de faillite. Leur vote s'exerce par divers moyens de communication jusqu'à une date et une heure butoir.

Par conséquent, le report décidé hier matin à Montréal signifie que la période de vote des créanciers de Quebecor World aux États-Unis est aussi prolongée jusqu'à lundi, 17h.

Entre temps, à la haute direction de l'imprimeur à Montréal, on affirme que ce prolongement du vote des créanciers ne doit pas être interprété comme un signe d'embûches additionnelles, de toute fin de parcours.

En fait, selon Randy Benson, directeur de restructuration chez Quebecor World, l'imprimeur aurait décidé de prendre quelques jours afin de préciser, avec ses principaux groupes de créanciers, «certains éléments juridiques et financiers» qui sont rattachés aux nouveaux titres de capital et de dette de l'imprimeur qui leur seront remis en règlement partiel de créances, au cours des prochaines semaines.

Échéancier

«Notre principal échéancier pour faire approuver notre plan de restructuration de bilan demeure celle du 30 juin, date prévue de l'audience finale en cour pour faire autoriser notre plan», a souligné M. Benson, à La Presse Affaires.

«Nous avions encore quelques jours pour mieux définir certains éléments, ce que nous avons décidé de nous prévaloir.

Par ailleurs, ces discussions additionnelles avec nos principaux créanciers ne modifieront pas le taux de recouvrement des créances qui est prévu à notre proposition, selon les catégories.»

N'empêche. Les principaux intervenants d'affaires de Quebecor World, en particulier ses 20 000 employés au Canada, aux États-Unis et en Amérique latine, devront patienter encore quelques jours pour savoir si l'entreprise obtiendra une autre chance de redressement de la part de ses créanciers.

Selon la législation d'insolvabilité, un vote positif des créanciers requiert, pour chaque catégorie de créances, l'équivalent d'une «supermajorité» en termes électoraux.

C'est-à-dire une majorité simple (+ de 50%) de tous les votes enregistrés, auquel doit s'ajouter les deux tiers (+ 66%) de la valeur totale des créances représentées par l'ensemble de votes enregistrés.

Si elle obtient l'accord des créanciers lundi prochain, et les autorisations subséquentes en justice, Quebecor World prévoit émerger de sa longue période de protection de faillite dans un mois, à la mi-juillet.

Aussi, l'imprimeur prévoit encore pouvoir bénéficier à ce moment d'un financement intérimaire de 750 millionsUS pour appuyer sa sortie de protection de faillite.

«Si notre plan de restructuration est autorisé, Quebecor World se retrouvera avec un bilan avantageux par rapport à ses principaux concurrents», selon Randy Benson.

Quant à la possibilité d'autres réductions d'activités et d'effectifs, pour la suite de son redressement, on affirme chez Quebecor World que l'essentiel de cette rationalisation a été réalisé depuis deux ans.

«Toute autre décision en ce sens dépendra surtout de l'état de notre marché et de l'ajustement de notre niveau d'activités en conséquence, plutôt que d'autres rationalisations majeures», a indiqué Tony Ross, porte-parole principal de Quebecor World.