Après avoir purgé 18 mois d'une peine de huit ans et demi de pénitencier pour une fraude de 115 millions de dollars aux dépens de 9200 investisseurs, l'ancien président de Norbourg, Vincent Lacroix, se retrouvera sous peu dans une maison de transition et il pourrait recouvrer la liberté à la fin de 2010.

En vertu du programme de libération au sixième de la peine, la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) n'a pas le choix de lui accorder une semi-liberté à ce moment-ci de sa peine, puisqu'il en est à sa première sentence fédérale et qu'il n'a pas commis un crime violent. Comme il a eu une conduite impeccable depuis son incarcération, Lacroix n'a pas eu à se présenter devant les commissaires, la décision ayant été rendue après un examen du dossier.

De façon à «approfondir votre conscience sociale et de vous éloigner de vos valeurs matérialistes», indique la CNLC, Lacroix devra faire du bénévolat auprès de personnes défavorisées. Sa journée terminée, il reviendra à la maison de transition qui l'accueillera. Après neuf mois de ce régime, il bénéficiera d'une semi-liberté régulière, ce qui signifie qu'il pourra chercher un emploi et aller plus souvent dans sa famille.

Toutefois, la Commission lui interdit de reprendre ses activités dans le domaine financier. Malgré certains progrès, Lacroix manifeste encore peu d'empathie pour ses victimes. «Vous avez encore tendance à vous justifier et il vous semble très ardu d'évaluer émotionnellement la gravité objective de vos délits», notent les agents qui l'ont suivi depuis son arrivée au pénitencier, le 28 janvier 2008.

Cette attitude de Lacroix inquiète les intervenants quant «au risque de récidive générale» qu'ils évaluent de faible à modéré. Ils n'en croient pas moins que le séjour de Lacroix en prison a eu un effet dissuasif. S'il n'a pas de propension à la violence, Lacroix ne reste pas moins «un fin renard, manipulateur qui réussit par la supercherie, le mensonge ou autre moyen dolosif à parvenir à ses fins criminelles», précise le commissaire qui a étudié son dossier.

«Les dommages moraux et financiers subis par les victimes sont inqualifiables. Vous avez mis en péril la sécurité financière d'individus et vos délits ont engendré des conséquences dévastatrices à de nombreuses personnes dans plusieurs sphères de leur vie. Rarement a-t-on vu autant de malheurs», note le commissaire, en ajoutant que Lacroix avait été l'artisan d'un scandale sans précédent dans les annales judiciaires et financières au pays.

Lacroix, 42 ans, n'en a pas fini avec la justice. Condamné sous l'empire des règles de l'AMF, il attend maintenant son procès aux Assises criminelles pour une centaine de chefs d'accusation de fraude et de complot. De plus, le ministère public en a appelé de sa peine de huit ans et demi (il avait écopé de 12 ans, mais la sentence a été réduite en appel). De son côté, Lacroix en appelle du verdict et de la sentence. Les deux dossiers sont en délibéré en Cour d'appel depuis le 27 février 2009.