En raison d'une prise de position parlementaire du Bloc québécois, les trois ministres fédéraux qui devaient appuyer l'industrie aérospatiale canadienne au Salon aéronautique du Bourget la semaine prochaine doivent remettre en question leur participation.

«Le gouvernement conservateur a pris la décision de se retirer, a déploré Marc Garneau, le député libéral de Westmount-Ville-Marie. Les trois ministres qui étaient censés y aller vont rester ici la semaine prochaine.»

Plus de 50% des effectifs de l'industrie aérospatiale canadienne se retrouvent au Québec.

«Nous sommes d'abord des parlementaires, a commenté le député bloquiste de Saint-Jean, Claude Bachand, porte-parole de son parti pour la Défense nationale et vice-président du caucus multipartite de l'aérospatiale. Quand il y a des urgences parlementaires, c'est ça qu'il faut d'abord régler.»

Trois ministres conservateurs devaient prêter main-forte aux entreprises: le ministre de l'Industrie Tony Clement, le ministre de la Défense nationale Peter MacKay et le ministre des Travaux publics Christian Paradis. Comme c'est souvent le cas, ils avaient invité des députés de l'opposition à les accompagner pour que le gouvernement conservateur ne se retrouve pas en position de faiblesse en cas de vote au Parlement.

«Quand un député ou un ministre veut quitter la région d'Ottawa pour un voyage à l'étranger ou au pays, les partis s'entendent entre eux, a expliqué Mark Quinlan, porte-parole du ministre Paradis. On jumelle le député qui doit quitter avec un autre qui va quitter aussi.»

Le Bloc québécois a toutefois décidé de ne pas aller de l'avant avec le jumelage cette fois-ci.

«Nous voulions y aller, nous trouvons ça hyperimportant, mais malheureusement, la semaine prochaine semaine, il y a moult votes», a déclaré la porte-parole du caucus bloquiste, Karyne Duplessis-Piché.

Votes de confiance

Il y aura notamment des votes de confiance à l'issue de journées de l'opposition du Bloc québécois et du NPD en début de semaine et d'une journée de l'opposition du Parti libéral vers la fin de semaine. Il y aura également un vote de confiance sur un rapport trimestriel du ministre des Finances, Jim Flaherty.

«Nous nous sommes demandé: qu'est-ce qui est le plus important, voir à notre rôle de député ou aller dans un salon? a lancé Mme Duplessis-Piché. Nous pensons que nous avons besoin de tout notre monde ici. Donc, nous allons avoir tout notre monde ici.»

M. Quinlan a indiqué que cette prise de position avait amené le ministre Paradis, déjà passablement occupé avec le dossier des infrastructures, à annuler son voyage au Bourget.

«À titre de ministre responsable de la région de Montréal, il jugeait capital d'aller à Paris, a précisé M. Quinlan. Il y a des leaders de l'aérospatiale qui auraient voulu profiter de son passage au Bourget. Il y avait beaucoup de rencontres de planifiées sur plusieurs dossiers. C'est décevant de ne pas rencontrer ces gens-là.»

Le porte-parole du ministre MacKay, Dan Dugas, a affirmé que M. MacKay était très déçu de ne pouvoir se rendre au Bourget, notamment parce qu'il comptait appuyer les entreprises des provinces de l'Atlantique. Ironiquement, le ministre MacKay est déjà en Europe pour des rencontres de l'OTAN.

«Nous avons un député néo-démocrate avec nous, mais uniquement jusqu'à vendredi, a déclaré M. Dugas. Il faudra être présent à la Chambre des communes lundi.»

Le forfait des ministres conservateurs forcera également Marc Garneau, président du caucus multipartite de l'aérospatiale, à demeurer à Ottawa.

«J'étais partant, a commenté l'ancien astronaute. J'ai une certaine responsabilité pour le dossier de l'aérospatiale en tant que porte-parole de mon parti pour l'industrie, les sciences et la technologie. J'ai un intérêt très poussé de ce côté-là. Malheureusement, je ne pourrai pas aller au Bourget.»

Le président-directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale, Jacques Saada, a déploré l'absence de représentants fédéraux au salon aéronautique.

«Il est évident qu'une présence ministérielle, peu importe le parti politique, à un salon comme le Bourget est un instrument de promotion de notre secteur, qui permet d'ouvrir la porte plus grande, a-t-il déclaré. Il serait regrettable que nous n'ayons pas une telle présence pour des questions de distribution de votes à la Chambre des communes. J'aurais vraiment souhaité qu'il y ait des ententes qui permettent aux ministres d'être présents.»

Hier, au bureau du ministre Clement, on a refusé de confirmer son absence au Bourget.