Quand Garda (t.gw) a acheté la firme de sécurité de Charles Vance, Stéphan Crétier ne pouvait retenir son enthousiasme.

À sa décharge, Charles Vance, ancien agent des services secrets américains, est devenu une véritable vedette dans le milieu de la sécurité lorsqu'il a assuré la protection du président Gerald Ford... avant d'épouser sa fille! Il a ensuite fondé sa firme de sécurité, achetée par Garda en novembre 2005. «Leur liste de clients est un fantasme pour moi», disait Stéphan Crétier à l'époque.

Trois ans et demi plus tard, le président et chef de la direction de Garda est contraint de vendre une partie de ce qu'il qualifiait à l'époque de ses «fantasmes». Hier, Garda a annoncé la vente de ses activités de surveillance et de sécurité physique aux États-Unis et au Mexique, qui découlaient de l'acquisition de Vance International.

«C'est toujours une décision difficile de laisser aller une unité d'affaires que l'on aime, mais nous avons conservé la partie internationale des activités de surveillance de Vance, dit Nathalie de Champlain, vice-présidente des communications de Garda. Cette partie comporte les activités de surveillance les plus attrayantes: les multinationales, les ambassades et les organisations gouvernementales partout dans le monde.»

La décision de se départir d'une partie des actifs de Vance International a sûrement été plus facile à accepter quand Stéphan Crétier a jeté un coup d'oeil à l'évolution du titre de Garda hier à la Bourse de Toronto. En hausse de 16,7% hier, il s'échangeait à 4,76$ à la fermeture des marchés boursiers.

Depuis un mois, le titre de Garda a gagné 51,1%. M. Crétier n'était pas disponible afin de répondre aux questions de La Presse Affaires, a indiqué sa porte-parole, Nathalie de Champlain.

Garda a obtenu 44,25 millions US de la part de son concurrent Andrews International pour ses activités de surveillance aux États-Unis et au Mexique. En 2005, Garda avait payé 67 millions US pour Vance International, qui comprenait aussi des activités de surveillance sur le marché international qui ont été conservées par Garda. Selon des estimations, les activités vendues hier représentaient environ 55% des activités de Vance International. Sur cette base, ces actifs auraient été acquis au coût d'environ 37 millions US, puis revendus 44,25 millions US trois ans et demi plus tard.

Intéressant

Un analyste boursier estime que la somme de 44 millions US est intéressante dans les circonstances, même si elle est inférieure aux 50 millions US espérés au départ par Garda. «Garda a vendu cette filiale à un ratio de 10 fois ses profits annuels, ce qui est excellent dans les circonstances», dit cet analyste boursier sous le couvert de l'anonymat.

Les actifs vendus à Andrew International représentaient des revenus annuels de 128 millions US pour Garda, soit 13% de son chiffre d'affaires. Si la société montréalaise a été contrainte de se départir de ces actifs, ce n'est pas une question de rentabilité - la filiale a affiché des bénéfices avant impôt, intérêt et amortissement de 4,5 millions US au cours des 12 derniers mois - mais bien d'endettement.

Les 44 millions US obtenus par Garda à l'issue de cette transaction iront au remboursement de la dette, évaluée actuellement à 648 millions. «Un remboursement de 44 millions, ce n'est pas tant que ça, mais c'est un pas dans la bonne direction, dit un analyste boursier sous le couvert de l'anonymat. Ça réduit la dette et ça permet à l'entreprise d'avoir des ratios d'endettement acceptables pour les banques.»

Résultat de la transaction d'hier, Garda se concentra uniquement sur le transport de valeurs aux États-Unis et au Mexique. Au Canada et dans le reste du monde, la société montréalaise a l'intention de faire à la fois du transport de valeurs et de la surveillance. «Aux États-Unis, le marché de la surveillance est très compartimenté, dit Nathalie de Champlain. Il aurait fallu faire beaucoup d'investissements pour le consolider. Ce n'est pas le cas dans le marché de la surveillance en Europe et au Moyen-Orient.»