Prenant acte de la remontée soutenue des marchés boursiers depuis plus de deux mois, le premier ministre Jean Charest s'est demandé, mardi, si le pire de la crise économique n'était pas derrière nous.

En mission à Atlanta, en Géorgie, où il participe au congrès international Bio 2009, M. Charest a estimé que des «signaux positifs» s'étaient manifestés, ces dernières semaines, en ce qui a trait aux marchés financiers et à la disponibilité du crédit.

Depuis son creux du 9 mars, l'indice Standard & Poor's/TSX a grimpé de plus de 23 pour cent. Mardi, rattrapant les gains enregistrés la veille par la plupart des autres bourses du monde, il a clôturé en hausse de 3,5 pour cent, à 10 100,95 points.

De plus en plus de financiers et de dirigeants d'entreprises constatent également, depuis plus d'un mois, que les marchés du crédit se sont quelque peu dégelés. Les écarts entre les taux d'intérêt offerts par les obligations gouvernementales et les prêts aux sociétés se sont notamment rétrécis.

Comme bien d'autres, le premier ministre s'est demandé, mardi, si cette embellie allait durer ou s'il ne s'agissait que d'une «courte période d'optimisme dans une plus longue période de ralentissement». Les économistes et les analystes financiers sont actuellement partagés sur cette question brûlante. La semaine dernière, Jean Charest a dit s'attendre à ce que le taux de chômage continue d'augmenter au Québec au cours des prochains mois.

Une chose est sûre: l'incertitude persiste. Ainsi, un projet d'investissement de «plusieurs centaines de millions de dollars» dont Jean Charest avait fait état en janvier lors de son passage au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, ne s'est toujours pas concrétisé. À l'époque, pourtant, Québec soutenait que les négociations avec le promoteur, une entreprise européenne du domaine des énergies vertes, étaient dans le «dernier droit».

M. Charest a assuré mardi que le dossier continuait de «progresser», tout en reconnaissant que les gens d'affaires étaient actuellement «hésitants à plonger» en matière d'investissements en immobilisations.

Biotechnologies

À Atlanta, le premier ministre avait rendez-vous, lundi soir, avec les hauts dirigeants de quelques grands joueurs de l'industrie pharmaceutique mondiale. Il a indiqué mardi que l'une de ces rencontres devrait déboucher sur un projet d'investissement «qui sera important pour le Québec», mais n'a pas voulu en dire davantage. Une annonce doit avoir lieu au cours des prochains mois.

Cette réunion au sommet a également permis à Jean Charest et à son ministre du Développement économique et des Finances, Raymond Bachand, de sonder les industriels au sujet de la future politique québécoise pour le secteur biopharmaceutique.

«Les rencontres d'aujourd'hui (mardi) et d'hier (lundi) nous ont permis d'avoir de bons échanges avec l'industrie là-dessus, a expliqué M. Charest. Ils (les dirigeants d'entreprises) nous ont alimentés sur un certain nombre de pistes qu'on trouve intéressantes et qu'on va vouloir explorer.»

Le Québec, siège canadien de la plupart des grandes sociétés pharmaceutiques mondiales, fait face à un défi de taille: les brevets de plusieurs médicaments très payants viendront à échéance au cours des prochaines années, ce qui réduira significativement les revenus de ces multinationales et, possiblement, leurs budgets de recherche.

C'est sans compter que les médicaments vedette (appelés «blockbusters» dans l'industrie) se font plus rares, la plupart ayant déjà été mis au point. L'approbation de nouveaux produits est aussi plus difficile depuis le retrait de l'anti-inflammatoire Vioxx, en 2004, à cause de dangereux effets secondaires.

«Il faut trouver des façons plus innovantes, des façons différentes d'aider les chercheurs à développer de nouvelles molécules et à commercialiser des produits pour le marché», a souligné Jean Charest.

Celui-ci n'a pas exclu l'idée d'aider financièrement les dirigeants des petites biotechs québécoises à se rendre à des événements comme les congrès Bio, où plusieurs partenariats prennent forme entre les chercheurs et les bailleurs de fonds.

Le pire à venir?

Devant les milliers de congressistes réunis à Atlanta, le président et chef de la direction de la Biotechnology Industry Organization, James Greenwood, a dépeint un portrait sombre de la situation, la crise financière ayant porté un dur coup à un secteur d'activités qui tirait déjà le diable par la queue.

«Je suis désolé de dire que nous pouvons nous attendre à ce que les choses empirent avant qu'elles ne s'améliorent, a-t-il affirmé. Malheureusement, davantage de bonnes entreprises innovatrices vont disparaître, happées par la tempête actuelle. Notre capacité de financer l'innovation dans les domaines de la santé, de l'énergie et de l'alimentation est sérieusement compromise.»

Invité d'honneur de Bio 2009, le chanteur britannique Elton John a une fois de plus attiré l'attention sur le VIH/sida, qui n'intéresse pas suffisamment les gouvernements et l'industrie pharmaceutique, selon lui.

Depuis 1992, la Elton John Aids Foundation a récolté 150 millions $ US pour combattre l'épidémie. M. John dit avoir perdu une soixantaine de ses amis à cause de la maladie.