Le ministre des Finances, Raymond Bachand, affirme que les FIER sont «un grand succès», mais il faut le croire sur parole, parce que les états financiers de ces fonds d'investissement sont top secret.

«Ce sont des sociétés en commandite et même si le gouvernement y investit, leurs états financiers sont confidentiels», a indiqué hier la porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland.

Le gouvernement québécois investit 2$ pour chaque dollar qui vient des investisseurs privés dans les Fonds d'intervention économique régionale (FIER). Les FIER ont été mis sur pied par le gouvernement libéral à son retour au pouvoir en 2003 pour mettre du capital de risque à la disposition des entreprises.

Tous les genres d'investissements sont permis, de l'aide au démarrage jusqu'au redressement d'entreprises en difficultés.

Les premiers fonds ont vu le jour en 2006. Depuis, le gouvernement a investi 192 millions de dollars dans les 30 FIER créés un peu partout au Québec. Le gouvernement n'attend aucun rendement de son investissement dans les fonds pendant cinq ans.

Les fonds publics sont destinés à stimuler le développement économique dans les régions où le capital est rare, mais comme les conditions sont les mêmes à Montréal qu'en Gaspésie, cet argent gratuit fait le bonheur d'investisseurs aguerris dans les villes. À Montréal, il y avait assez d'investisseurs intéressés pour créer 30 FIER, selon des informations obtenues par La Presse Affaires.

Il y a deux FIER à Montréal. Le FIER CPVC-Montréal compte parmi ses investisseurs Robert Brown, président de CAE, et Robert Milton, ancien président d'Air Canada. Le président de Télésystème, Charles Sirois, est un des investisseurs de l'autre fonds montréalais, le FIER ID.

Depuis trois ans, le FIER ID a investi près de 11 millions dans des entreprises en démarrage, a fait savoir son gestionnaire, Daniel Cyr, qui a semblé insulté quand La Presse Affaires lui a demandé quel était le rendement de ses investissements.

«Nous sommes un fonds privé, très privé. Nous avons des ententes de confidentialité et je ne vous dirai certainement pas ça», a-t-il répondu.

Les FIER doivent remettre leurs états financiers deux fois par année à Investissement Québec qui les traite comme de l'information privée et confidentielle, et ce, même si les fonds publics alimentent la plus grande partie des activités des FIER.

Le vérificateur général, qui vient de recevoir le mandat d'examiner de plus près ces drôles de créatures, aura toutefois accès à tous les états financiers, a précisé la porte-parole d'Investissement Québec.

Investissement Québec, qui a la responsabilité des FIER, a inscrit une perte de 7,9 millions pour l'exercice 2007-2008 sous la rubrique IQ Fiers Inc. Le rapport annuel 2008-2009 n'a pas encore été publié. La perte de 7,9 millions représente «une perte de valeurs non matérialisée des investissements du gouvernement dans les FIER», a expliqué Josée Béland.