À travers la tourmente économique, Molson et Rio Tinto Alcan, deux grands commanditaires privés au Québec, ont dû changer un peu leur politique de commandite.

La brasserie Molson a diminué son budget de commandites de 5 à 6% cette année, «en raison des conditions économiques et de décisions d'affaires», indique David Bourget, directeur du marketing client, commandites et événements.

 

Le brasseur a pu maintenir la majorité de ses commandites avec ses partenaires majeurs. Mais dans d'autres cas, Molson a révisé à la baisse son niveau de commandite.

Le porte-parole de Rio Tinto Alcan, Stefano Bertolli, a indiqué à La Presse Affaires que le géant de l'aluminium honorera tous ses engagements de commandite et continuera de contribuer au Fonds Rio Tinto Alcan Canada, qui financera à terme les commandites de l'entreprise.

«Mais nous n'entreprendrons pas de nouveaux engagements en attendant de voir comment la situation économique va évoluer», dit M. Bertolli.

Ce n'est rien pour aider un marché de la commandite qui a essuyé plusieurs coups dans les dernières années. La disparition des commanditaires de l'industrie du tabac a fait diminuer le nombre de joueurs, puis le scandale des commandites a poussé tant les gouvernements que les entreprises à mettre la pédale douce pour un temps, rappelle Patrice Attanasio, consultant en gestion et exploitation de commandites.

En plus, le déplacement des centres de décision du Québec vers Toronto a compliqué la tâche des démarcheurs québécois.

«Nous avons moins de sièges sociaux, et ça joue contre nous, soutient Johanne Brunet, professeure à HEC Montréal. Les grandes décisions de marketing se prennent dans une autre ville et ç'a un impact énorme.»

Les mêmes cibles

Avec la diminution des budgets de certaines entreprises, les organisations et événements en recherche de commandite se tournent vers les mêmes cibles.

«Il y a peu de commanditaires au Québec, c'est un petit marché d'employeurs, observe Patrice Attanasio. Et les demandeurs se tournent vers les mêmes institutions. Des commanditaires comme Desjardins ou la Banque Nationale reçoivent des centaines de demandes.»

«Heureusement, ajoute-t-il, il y a au Québec trois grosses sociétés d'État qui contribuent beaucoup.»

Chez Hydro-Québec, qui a dépensé 25,9 millions en dons et commandites en 2008, on nous a indiqué que le budget reste le même pour 2009. Loto-Québec a versé 14,6 millions en dons et commandites en 2008, et la SAQ, 5,5 millions.

Le budget ne change pas non plus chez Desjardins, BMO et la Banque Nationale.

Selon une étude de 2007 de l'Institute for Sport Marketing (mais qui porte sur toute l'industrie), les investissements en commandite représenteraient environ 1,1 milliard au Canada. À partir de ce chiffre, Pascale Chassé, vice-présidente et directrice générale de Fusion, une division de Cossette spécialisée dans la commandite, estime la valeur des investissements de commandite québécois à environ 250 millions de dollars.