À la lumière du plus récent rapport annuel de la Caisse de dépôt et placement, déposé mardi, le Parti québécois a accusé le conseil d'administration de la société d'État d'avoir mal contrôlé les risques auxquels étaient exposés les fonds confiés à l'institution.

Citant le document, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, François Legault, a affirmé qu'à la fin la dernière année financière, qui s'est soldée par une perte de près de 40 milliards $, les gestionnaires de portefeuille de la CDP n'étaient plus soumis à aucune limite.

M. Legault a soutenu que les administrateurs de la CDP ont failli à la tâche de limiter l'appétit de risque des responsables des portefeuilles.

Pour expliquer cette situation, le porte-parole péquiste a soutenu que l'ancien président et directeur général de la CDP, Henri-Paul Rousseau, avait usé de son «charisme» auprès des administrateurs.

«C'était le rôle du conseil d'administration de limiter les risques pris par Henri-Paul Rousseau, a-t-il dit lors d'un point de presse. Or, peut-être à cause de son charisme, personne au conseil d'administration ne s'est opposé à l'augmentation des risques.»

Ancien premier vice-président de la CDP et ancien ministre péquiste, Daniel Paillé a de son côté soutenu qu'il était «imprudent» de tirer de telles conclusions aussi rapidement, notamment parce que la décision de laisser le ratio de risque actif augmenter pourrait bien avoir été la bonne.

En appliquant les ratios de «façon bête», l'institution aurait peut-être été forcée de faire des ventes «non souhaitables» d'actifs, a indiqué M. Paillé, lors d'une entrevue.

«Je ne veux pas conclure que (M. Legault) est dans l'erreur, mais je trouve ça imprudent et je ne suis pas prêt à jeter la première pierre aux administrateurs et à la direction de la Caisse d'avoir fait ça, a-t-il dit. Ça m'apparaît possible que ça ait été une bonne décision.»

Selon le rapport annuel, en raison de la volatilité des marchés financiers, le conseil d'administration a graduellement augmenté le ratio de risque que les gestionnaires pouvaient tolérer dans leurs placements, pour finalement abolir toute limite au dernier trimestre.

M. Legault a affirmé que la CDP avait jusqu'ici permis aux gestionnaires de tolérer un écart de 200 pour cent par rapport à leurs références sur le marché, mais que ce niveau était rendu à 444 pour cent à la fin de l'année.

Selon le rapport de la CDP, il s'agit d'une hausse de 249 pour cent du risque actif.

Par ailleurs, M. Legault a déploré le manque d'investissements de la CDP au Québec.

Il a estimé que ce niveau devrait être d'environ 40 pour cent, comparativement à 9,5 pour cent pour l'année 2008.

«On est d'accord avec la diversification, a-t-il dit. On ne demande pas que 100 pour cent des actifs soient investis au Québec. Mais, entre 9,5 pour cent puis 100 pour cent, il y a peut-être un juste milieu autour de 40 pour cent qui serait raisonnable comme investissement au Québec.»

En 2008, l'actif net des déposants à la CDP, dont la Société d'assurance automobile du Québec, la Régie des rentes du Québec et la Commission de la santé et de la sécurité du travail, est descendu à 120 milliards $, comparativement à 155 milliards $ l'année précédente.