La suppression de 500 postes dans les installations de Pratt&Whitney à Longueuil, annoncée vendredi par le fournisseur de moteurs d'avions, sème l'inquiétude chez les employés de l'entreprise. Et ce, même si la plupart des travailleurs rencontrés hier se sont dits confiants de conserver leur emploi.

Le gigantesque stationnement était presque vide devant l'imposant complexe de Pratt & Whitney, rue Geoffrion. Seules quelques dizaines de voitures y étaient garées, signe que la production tourne au ralenti pendant la fin de semaine pascale. Les rares travailleurs rencontrés sur place ont confié que le moral a déjà été meilleur. «Dans la compagnie, tout le monde est inquiet, a dit André Mallette. On ne sait pas ce qui va arriver. C'est surtout vrai chez les jeunes qui sont entrés il y a deux ou trois ans.»

 

Ce camionneur, père de deux enfants, est à l'emploi de l'entreprise depuis 20 ans. Il a bon espoir de conserver son poste, mais plusieurs de ses confrères n'auront pas cette chance. Ils seront fixés sur leur sort d'ici la fin du mois.

Jimmy Duchesneau, 28 ans, est l'un de ceux dont le sort est incertain. Avec cinq ans d'ancienneté, ce contrôleur de la qualité pourrait être remercié à la fin du mois, même s'il espère échapper aux suppressions de poste. «Ce sont de bons emplois avec de bonnes conditions, a expliqué le jeune homme. On est super bien, alors c'est sûr qu'on aimerait passer notre vie ici.»

Quoi qu'il advienne, M. Duchesneau garde le moral. Même si la compagnie licencie 500 travailleurs dans les prochaines semaines, elle pourrait rouvrir des postes une fois la récession terminée. Ceux qui seront remerciés devraient d'ailleurs rester sur la liste de rappel de l'entreprise pour trois ans, a expliqué un autre travailleur.

Au début du mois de février, Pratt & Whitney a annoncé à ses employés qu'elle supprimera jusqu'à 1000 postes partout dans le monde. Elle a confirmé vendredi que 500 emplois syndiqués allaient disparaître de façon permanente à Longueuil, un établissement où travaillent 5800 personnes. Les mises à pied pourraient entrer en vigueur d'ici la fin du mois.

Le nombre pourrait être moins élevé qu'annoncé, selon la compagnie. Jusqu'à une centaine de travailleurs plus âgés pourraient se prévaloir d'un programme de retraite anticipée, ce qui réduirait le nombre de mises à pied.

Malgré tout, d'autres coupes pourraient affecter les travailleurs de bureau et les cadres dans les prochaines semaines. «Il y a des rumeurs qui courent», a confirmé un employé de bureau, qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat.

Mais ce travailleur n'est guère surpris de la décision de Pratt&Whitney. Car plusieurs compagnies du domaine de l'aviation vivent les mêmes difficultés. «Dans l'aéronautique en général, il y a des coupes, s'est-il désolé. S'il n'y a pas d'avions qui se vendent, il n'y a pas de moteurs qui se fabriquent.»

Pour une deuxième fois en autant de jours, les TCA, le syndicat qui représente les travailleurs de Pratt & Whitney, n'a pas rappelé La Presse.